ENSEIGNEMENT PUBLIC EN TUNISIE – 1921

  • 31 décembre 2018
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Tunisie 1922-société de gymnastique de Tunis [une pyramide lors de la fête fédérale de l'Union des sociétés de gymnastique de France
31 Déc

L’année 1921 a vu s’accentuer la reprise de la marche normale des divers services de l’Instruction Publique, qui s’était déjà manifestée en 1920. Pendant la guerre, on avait dû se borner à maintenir, malgré des difficultés de toute nature, les résultats acquis. Et dans les premières années d’après-guerre, il avait fallu se préoccuper avant tout de remettre en état l’ensemble de l’organisme scolaire, pour lui permettre de reprendre son développement, si longtemps interrompu par les circonstances. Les deux conditions essentielles de cette réorganisation étaient : 1° le recrutement de nouveaux maîtres, non seulement pour combler les vides laissés par les professeurs et instituteurs morts pour la France, mais encore pour faire face aux besoins nouveaux ; 2° l’ouverture de nouvelles écoles dans les centres non encore pourvus ou insuffisamment dotés et de nouvelles classes dans les établissements scolaires surpeuplés.

Recrutement du personnel :

Nous avons déjà signalé les difficultés, particulières à la Tunisie, en présence desquelles l’on se trouve pour fournir aux écoles les maîtres nécessaires. Les professeurs de l’enseignement secondaire, de l’enseignement primaire supérieur et technique ne se recrutent qu’exceptionnellement en Tunisie. Il faut les faire venir de France. Quant aux instituteurs et institutrices, les Ecoles Normales de Tunis fournissent chaque année un contingent important, mais encore insuffisant, même si l’on y ajoute les candidatures locales des postulants qui n’ont pas été élèves-maîtres. Pour l’enseignement primaire aussi, il nous faut donc recruter du personnel dans la Métropole. Or, la crise qui sévit en France et qui a amené l’insuffisance du nombre des candidats aux emplois d’enseignement, rend cette recherche difficile et souvent infructueuse. Nous n’avons quelque chance de trouver au dehors de bons professeurs et de bons instituteurs que s’ils bénéficient, en s’expatriant, des avantages suffisants, pour compenser les frais et les ennuis du voyage, de l’installation et de la vie à l’étranger. C’est ce qu’on s’est efforcé de faire en maintenant ou en augmentant les primes ou indemnités accordées aux fonctionnaires français de l’Enseignement public en Tunisie.

Il s’ajoute aux traitements et indemnités qui sont les mêmes qu’en France une majoration personnelle d’expatriation égale au tiers du traitement et, pour les professeurs agrégés de l’enseignement secondaire des garçons, une prime tunisienne d’agrégation de 2.500 francs par an; pour les agrégées de l’enseignement secondaire des jeunes filles, une prime tunisienne d’agrégation de 1.500fr. par an ; pour les professeurs titulaires non agrégés, une indemnité de titularisation de 800 francs pour les hommes et de 500 francs pour les dames; pour les instituteurs, le droit au logement ou à une indemnité représentative allant de 240 à 1.320 francs ; pour les fonctionnaires en résidence dans le Sud, une indemnité du Sud (de 480 à 1.800 francs) et une indemnité de vacances (dé 300 à 700 francs) ; pour les instituteurs assurant le service postal, une indemnité qui va par échelons de 1.200 à 2.400 francs;

Enfin, tous les fonctionnaires et leur famille ont droit tous les deux ans, au passage gratuit du port d’embarquement en Tunisie à Marseille et au remboursement des frais de transport de leur résidence au port d’embarquement.  Par application du décret beylical du 20 décembre 1919, la péréquation de traitement accordée en France aux fonctionnaires de l’Enseignement par la Loi de finances française du 30 avril 1921 leur est également acquise en Tunisie, avec majoration du tiers sur les relèvements de traitement. La mesure est appliquée par étapes à dater du 1er juillet 1921 et sera entièrement réalisée au 1er janvier 1923. Ces divers avantages paraissent être de nature à attirer ou à retenir en Tunisie un certain nombre de fonctionnaires de l’Enseignement. En fait, ils ont certainement contribué à faciliter le recrutement de notre personnel.

Au 31 décembre 1920, il y avait en service en Tunisie : 105 professeurs de l’enseignement secondaire, primaire supérieur ou technique des garçons; 72 professeurs dames de l’enseignement secondaire, primaire supérieur ou technique des jeunes filles ; 423 instituteurs dans les écoles de garçons; 509 institutrices dans les écoles de filles et dans les écoles mixtes.

Depuis cette date, pendant l’année 1921, les cadres du personnel de l’Enseignement public dans la Régence se sont augmentés de 4 professeurs agrégés et d’un professeur chargé de cours de l’Enseignement secondaire des garçons, d’un professeur d’école pratique, ingénieur des Arts et Métiers, de deux professeurs (dames) d’école pratique et de deux professeurs (dames) d’école normale, d’un professeur de gymnastique, de 61 instituteurs et de 49 institutrices. Les 61 instituteurs nouveaux se répartissent ainsi, au point de vue de la provenance : 6 détachés des cadres métropolitains, 24 élèves-maîtres de l’École Normale de Tunis, 19 stagiaires recrutés en Tunisie et 12 stagiaires recrutés en France. Quant aux 49 institutrices, 13 appartiennent aux cadres métropolitains, 11 sont des élèves maîtresses de l’École Normale de Tunis. 25 sont des stagiaires recrutées en Tunisie.

En regard des arrivées, voici les départs : 2 professeurs de l’Enseignement secondaire, 1 professeur d’École Normale (dame) et 1 professeur de dessin (dame), 1 2 instituteurs (1 décédé, 4 retraités, 3 nommés en France, 3 nommés au Maroc, i démissionnaire) et 6 institutrices (3 décédées, 1 nommée au Maroc et 2 démissionnaires). C’est en résumé un gain total de 88 unités pour 1921 en faveur du personnel donnant l’enseignement français en Tunisie.

Ouvertures d’écoles et de classes :

Pendant la guerre, les constructions ont été presque entièrement interrompues. Et depuis l’armistice, le prix des matériaux, la rareté et la cherté de la main-d’œuvre mettent obstacle à l’édification de nouvelles écoles. Il faut pourtant donner satisfaction aux vœux des familles qui, de toutes parts, réclament l’instruction pour leurs enfants, aux besoins urgents des établissements existants dont beaucoup sont devenus insuffisants. En 1921, les crédits inscrits au budget à cet effet s’élevaient à 2.639.702fr.31 ainsi répartis :

Aménagements                      Crédits reportés de 1920          25.558 07
Crédits de 1921                      226.000 00
Total                                      251.558 07

Constructions nouvelles        Crédits reportés de 1920        1.714.144 24
Crédits de 1921                         674.000 00
Total                                      2.388.144 24

Tous ces crédits ont été dépensés ou engagés en 1921.

Voici le détail des travaux exécutés pendant cette année :
Bâtiments livrés au service en 1921
SAÏDA. — Ecole à 2 classes.
KLÉDIA. – Ecole à 2 classes.
ZERIBA. – Ecole à 2 classes.
Ces deux derniers bâtiments ont été construits par la Direction Générale de l’Agriculture.

Agrandissements et aménagements importants

TUNIS. — Lycée Carnot : 3 nouvelles classes (dans un dortoir transformé);
TUNIS, — Ecole Paul Cambon : 6 nouvelles classes ou ateliers;
TUNIS. — Ecole Normale d’instituteurs : agrandissement du Musée scolaire;
ARMAND COLIN. — Construction d’une chambre et d’une cuisine à l’internat;
BAIE-PONTY. — 2′ salle de classe;
BARDO. — 2e salle de classe (garçons);
FERRYVILLE. — 3 nouvelles classes (sous un préau transformé) ;
GAÂFOUR. — 2 nouvelles classes (garçons);
LA GOULETTE. — Place Ahmed Bey : aménagement d’un logement ;
MATEUR. — 2 nouvelles classes (garçons); 2 nouvelles classes (filles) ;
MÉDENINE. — Construction de dépendances;
SFAX. — Ecole Primaire Supérieure de garçons : installation de douches;
SFAX. – Ecole rue Alexandre Dumas : déplacement et construction des W. C.
SOUSSE. — Ecole rue Khair-Eddine : aménagement d’une cantine ;
ZAGHOUAN. — Internat : construction de W. C.

On a refait les terrasses des écoles de Beni-Khiar et Sahaline et clôturé les terrains des écoles de Fériana, Kélibia. Klédia, Merira, Munchar, Sidi-Bou-Zid, Tabarca et Zeriba.

Constructions entreprises

BESBASSIA. — Ecole à 2 classes ;
BIZERTE. — Collège Stephen Pichon : agrandissement comprenant la construction de 5 salles de classe, d’une salle de dessin, d’un dortoir pour 60 pensionnaires, avec lavabo et w. c., lingerie, chambre de domestique, débarras, cellier, etc.
LE KEF. — Agrandissement de l’internat : 3 nouvelles classes, 1 salle d’études, 1 atelier, gymnase, infirmerie et dépendances ; Ecole de garçons, rue de Tunis : 2 nouvelles classes. Ecole de filles, rue de Paris : 2 nouvelles classes.
LA MANOUBA. — Construction d’un logement, de 2 nouvelles classes avec préau ;
NEFTA. — Consolidation et agrandissement (2 nouvelles classes, un atelier et deux logements).

Acquisitions d’immeubles

TUNIS. — Ecole rue Claude Bernard : achat de l’immeuble ;
TUNIS. — Ecole Professionnelle Emile Loubet : achat d’un terrain de 5.000 m2 pour la construction de nouveaux bâtiments ;
Sbiba. — Achat d’un immeuble destiné à l’installation d’une école ;
TINDJA. — Ecole de garçons : achat de l’immeuble ;
Achat de terrains pour la construction d’une école à El Guettar, Ksibet el Médiouni, El May et Soliman.

En résumé, la situation à l’heure actuelle est la suivante, par rapport à 1920, au point de vue du personnel enseignant et du nombre des écoles et des classes ; Au 31 décembre 1920, il y avait 328 établissements scolaires publics comprenant 1.109 classes avec 1.398 maîtres. Au 31 décembre 1921, il y a 352 établissements scolaires publics, comprenant 1.179 classes avec 1.487 maîtres.

Population scolaire :

Durant les années qui ont précédé la guerre, la statistique générale des élèves des établissements scolaires, accusait chaque année une progression notable de l’effectif. De 1908 à 1913, la population scolaire était passée de 25.531 élèves à 40.682 unités soit un accroissement global de 14.682 unités et un accroissement moyen annuel de près de 3.000 élèves.

Pendant les années de guerre, il fallut fermer momentanément des écoles et des classes, par suite de la mobilisation des maîtres. D’autre part, les élèves des classes supérieures des grands établissements scolaires et des écoles normales furent eux-mêmes partiellement mobilisés.

Et, dans les écoles primaires, bon nombre d’enfants durent quitter l’école pour suppléer aux champs ou à l’atelier leurs ainés appelés sous les drapeaux. Enfin, toutes les constructions scolaires furent arrêtées. On dut se borner à maintenir la situation acquise. De 1913 à 1918, la population scolaire resta sensiblement stationnaire, ainsi que le montrent les statistiques suivantes : au 31 décembre
– 1913             40.213 élèves
– 1914             40.305 —        + 02
– 1915             40.403 —        + 08
– 1916             40.917 —        + 514
– 1917             40.722 —        – 195
– 1918             40.349 —        – 373

Depuis la fin des hostilités la progression a repris au 31 décembre
1919                42 497 —        + 2 048
– 1920             44 011 —        + 1.514
– 1921             47.092 —        + 3.081

Alors que pendant 5 ans, le chiffre des élèves n’avait pour ainsi dire pas varié, en 3 ans, il s’est augmenté de 6.643 unités, soit une moyenne de plus de 2.000 par an, et l’accroissement constaté à la fin de l’année 1921 est particulièrement notable, puisqu’il dépasse 3.000 élèves.

On trouvera ci-dessous, en un tableau spécial, la répartition actuelle de notre population scolaire et la comparaison avec 1913 et 1920 (voir page 91).

L’examen de ce tableau statistique fait ressortir certaines constatations. L’augmentation du nombre des élèves depuis 1920 est générale pour toutes les nationalités. La diminution du chiffre des élèves maltais n’est en effet qu’apparente : elle résulte de l’application du décret présidentiel du 8 novembre 1921, qui a déclaré français les enfants nés dans la Régence de parents étrangers dont l’un est lui-même né dans la Régence. En vertu de ce décret, bon nombre d’enfants d’origine maltaise sont devenus français et ont été inscrits dans la statistique scolaire parmi nos nationaux.

PhotoN4bis-Rapport1921Il convient de noter avec une satisfaction particulière l’augmentation du nombre des élèves musulmans (+ 1930) qui représente presque à elle seule les deux tiers de l’augmentation totale. Ce fait prouve que nos protégés musulmans apprécient de plus en plus l’instruction donnée dans les écoles françaises et profitent avec empressement des facilités mises à leur disposition.

Au total, au 31 décembre 1921, 47.092 enfants de tout âge et de toute condition, appartenant aux diverses nationalités rassemblées en Tunisie à l’ombre du drapeau français, reçoivent l’instruction dans nos écoles. Si l’on y ajoute les 1973 adultes, qui eux aussi, grâce à l’œuvre postscolaire organisée par la Direction Générale de l’Instruction Publique, bénéficient du savoir et du dévouement de nos maîtres, le nombre de nos élèves, enfants et adultes, dépasse 49.000 (49.065).

  1. – Enseignement supérieur

De l’enseignement supérieur relèvent des institutions qui font honneur à la Tunisie : la Direction des Antiquités et Arts, l’École supérieure de langue et de littérature arabes, le Service Météorologique, la Bibliothèque Publique.

Ces services continuent à se développer normalement.

Direction des Antiquités et Arts :

En 1921, la Direction des Antiquités, comme les années précédentes, s’est préoccupée de la sauvegarde des richesses artistiques et archéologiques de la Régence. Elle a veillé à l’entretien ou à la restauration des monuments historiques, exécuté des fouilles et développé les musées de la Tunisie.

Législation. — Un arrêté du 7 mai 1921 a mis sous enquête de classement un grand nombre d’édifices, principalement des monuments d’art arabe.

Un décret du 13 septembre 1921 a étendu à la plus grande partie du vieux Tunis les dispositions édictées précédemment (décret du 3 mars 1920) pour le quartier des Souks. Ce classement comprend non seulement une notable partie de la Médina, mais aussi le faubourg de Bab-Souika et une partie de celui de Bab-Djazira.

Enfin le décret du 18 octobre 1921 a créé à Kairouan une zone englobant les parties les plus intéressantes de la ville arabe soumises désormais aux mêmes prescriptions que celles édictées pour Tunis et Sidi-Bou-Saïd.

Entretien des monuments historiques, Achat d’immeubles.

1°) A Carthage : Dès avant la guerre il avait été possible de joindre à la parcelle domaniale contenant l’Odéon, l’emplacement du Théâtre. En 1921, les acquisitions ont pu être reprises. A l’ouest, à la colline dite de Junon, l’Etat tunisien est entré en possession de crêtes occupées par un vaste monument à colonnes. Au sud de Bordj-Djedid, il a pu obtenir plus de deux hectares comprenant la partie nord des thermes d’ Antonin, sur un front de 90 mètres. De nouvelles réparations ont été exécutées à la basilique de Douimès qui a été entourée d’une clôture et dont le mur occidental a été remonté. Les bains privés de la maison de la Volière ont été remis en état.

2°) A Dougga : Entre le quartier du Forum et les belles maisons voisines du mausolée libyco-punique existe tout un coteau qu’il n’a pas encore été possible d’explorer. Grâce au concours du Contrôleur Civil, nous avons obtenu des propriétaires de ce terrain qu’ils consentent à des échanges permettant de relier nos champs de fouilles. Les travaux de mise en état ont porté principalement sur la maison des Oiseaux, celle des Saisons et celle du Trifolium.

3°) A Bulla Regia : D’un commun accord, la Direction Générale des Travaux Publics et le Service des Antiquités ont, dès le début du mois de mars 1921, commencé les délicates opérations que nécessite l’expropriation des 30 hectares où sont comprises les ruines. Dans la partie ouest des grands Thermes ont été opérées des réfections importantes, rendues particulièrement difficiles et même parfois dangereuses par la façon défectueuse dont les déblaiements ont été effectués.

4°) A El-Djem : Dans la partie méridionale de l’Amphithéâtre, on a repris les maçonneries de murs et de voùtes qui allaient s’effondrer et consolidé les vomitoria du premier étage.

5°) A Thuburbo Majus et à Sbeitla : Le Service s’est attaché tout particulièrement à approprier les parties déblayées.

6°) A Tunis et à Kairouan : Nous avons assumé la direction artistique des travaux exécutés par la Djemaïa dans un certain nombre de monuments islamiques. En particulier à Tunis, l’élégant minaret de Sidi-Youssef a été redressé ; à Kairouan, dans la mosquée de Sidi-Okba et dans celle de Sidi Çaheb d’importantes restaurations ont eu lieu.

Recherches et découvertes archéologiques :

1°) A Carthage : Les travaux de déblaiement les plus importants ont été effectués cette année sur le flanc ouest de la colline dite de Junon dans un vaste édifice à double colonnade, pavé de mosaïques. En outre, en application du décret du 8 janvier 1920, plusieurs terrains ont été explorés.

2°) A Dougga : au nord de la grande maison du Trifolium, on a découvert à flanc de coteau une habitation qui offre un dispositif curieux et un beau pavement figurant des oiseaux parmi des rinceaux.

3°) A Thuburbo Majus : la façade septentrionale du portique des Petronii a été dégagée et de nouvelles maisons avec des mosaïques décoratives ont été mises à jour dans la partie de la ville qui s’étend à l’ouest du temple de Mercure.

4°) A Sbeitla : au nord des Trois Temples, on a dé- blayé un édifice public présentant une belle cour dallée entourée de portiques.

5°) Nous avons encouragé les recherches faites par M. Gielly dans l’ancien lit de l’oued Tindja à Sidi Tindja et par M. Jaubert de Bénac dans un cimetière chrétien à Sidi Djedidi.

6°) A Çabra : près de Kairouan, M. Georges Marçais a commencé des recherches qui ont fourni d’utiles renseignements sur l’architecture des Fatimides pendant leur séjour en lfriquia.

Musées :

    • Musée Alaoui, au Bardo :

On a entrepris la refonte totale de la salle de Sousse. Désormais, à côté des mosaïques de Tabarca concernant la vie agricole dans l’antiquité, on a placé la reproduction d’un palais à loggia et le grand tableau figurant la demeure du seigneur Julius qui appartient à la même série et présente la même bordure que les pavements de Tabarca. L’une et l’autre de ces mosaïques proviennent de Carthage. On s’est attaché à encadrer ces tableaux par des images d’animaux et des éléments décoratifs.

De nouvelles couleurs ont été adoptées pour la décoration de la salle : les murs ont reçu un enduit gris vert et les vitrines ont été peintes dans des tons clairs rappelant l bois naturel. Ces modifications et la suppression de la balustrade qui entourait le grand pavement des Divinités marines, permettent aux visiteurs d’examiner sous de nouveaux aspects la collection des mosaïques et le beau plafond en bois doré, œuvre des Tunisiens Hamida ben Ostmane et Mohamed el Gharbi.

Dans la partie arabe du Musée, on a placé au plafond de la salle des bijoux, le riche lambris, offert par M. le baron d’Erlanger, où autour d’une queue de voûte entourée de petites glaces, se développent, sur un fond jaune pâle, des rinceaux italianisants.

  • Musée Lavigerie à Carthage :

Grâce aux fouilles du R.P. Delattre, il a pu s’accroître d’intéressantes pièces de céramique provenant de la colline dite de Junon et remontant à une époque voisine des origines de Carthage.

  • Musée d’Utique:

Diverses restaurations de mosaïques ont été effectuées par le personnel spécialiste du Musée du Bardo.

  • Musée Municipal de Sousse :

Sous l’active impulsion de M. Gouvet, les collections se sont encore enrichies : nous signalons la mise en place de la belle mosaïque représentant des chevaux de course et provenant de la propriété de M. Martel.

  • A Tunis :

Un Musée d’Art moderne pour lequel un certain nombre de peintures et de sculptures ont été réunies, est en voie de préparation.

  • Publications :

1) Un deuxième supplément au Catalogue Alaoui est en cours de publication.
2) Une troisième édition complètement remise au courant du guide du Musée Alaoui a paru, destinée au grand public.
3) Comme précédemment, les découvertes archéologiques ont fait l’objet de communications à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et à la Commission de l’Afrique du Nord.
4) Ainsi qu’il a été demandé par le Ministre de l’Instruction Publique, les travaux en vue de l’établissement d’un Corpus des Inscriptions arabes de Tunisie sont poursuivis d’une façon active ; actuellement s’effectue la révision en vue de l’impression des précieux manuscrits cernant les textes de Kairouan laissés par M. B. Roy

École supérieure de langue et de littérature arabes

Le chiffre des inscriptions pour l’année scolaire écoulée s’élevait à 262 auditeurs, dont 70 suivaient les cours du certificat d’arabe parlé, 155 ceux du brevet élémentaire d’arabe et 37 l’enseignement, élevé et difficile, du diplôme supérieur d’arabe. Au 31 décembre 1921, les auditeurs inscrits pour l’année scolaire en cours sont au nombre de 273.

L’auditoire des cours offre une variété très grande relativement aux sexes, aux âges et aux professions. Il n’en présente pas une moindre, quant aux nationalités.

Les 262 auditeurs de l’année scolaire 1920-1921 se répartissent ainsi qu’il suit : Français : 76; Musulmans : 151; Italiens : 27; Israélites : 3; Divers : 5. Au cours du certificat d’arabe parlé, l’assistance est uniquement européenne, française en grande majorité; par contre, aux cours du brevet élémentaire et du diplôme supérieur, une très forte proportion des étudiants est fournie par la jeunesse musulmane de Tunis. Ces jeunes indigènes viennent volontiers à nos cours, préciser et compléter à l’aide de nos méthodes leur connaissance de leur propre langue et se perfectionner dans l’art difficile de l’explication des textes et de la traduction. Ils constituent un élément excellent, laborieux, assidu ; ils contribuent à maintenir à un niveau élevé l’enseignement de l’Ecole et sont pour leurs condisciples français, avec lesquels ils s’associent volontiers par équipes de deux, de remarquables entraîneurs.

Aussi l’enseignement donné à l’Ecole produit-il de bons résultats, attestés par les succès aux examens auxquels cet établissement prépare ses élèves.

Au certificat d’arabe,             sur 87  candidats inscrits,      71        ont été admis
Au brevet d’arabe,                  sur 74              –                      35        –         
Au diplôme supérieur,           sur 13              –                      3          –         
soit au total,                           sur 174            –                      109      –

Le cours de droit musulman dont la création, envisagée l’année dernière, a fait l’objet d’une mention dans le précédent Rapport, a pu fonctionner à partir du 1er avril 1921. Professé en langue arabe, il a eu dès le début tout le succès qu’on en espérait.

L’enseignement juridique va d’ailleurs former une annexe importante de l’Ecole supérieure d’arabe. A partir du i” janvier 1922, les cours de législation tunisienne organisés aux Services Judiciaires du Gouvernement Tunisien pour la formation professionnelle des magistrats tunisiens et des oukils vont être transférés à l’Ecole d’arabe et développés. Ces cours comprendront sept cours annuels ou semestriels avec 5 professeurs et deux interprètes.

La préparation par correspondance a été instituée en faveur des étudiants de l’intérieur désireux de préparer les matières exigées aux examens de l’École et a donné des résultats encourageants. Ce service semble appelé à prendre de l’extension.

Depuis quelques années, l’École Nationale des Langues orientales vivantes s’efforce d’envoyer à Tunis pendant un semestre quelques-uns de ses élèves, en maintenant le bénéfice de la scolarité à ceux qui fréquentent les cours de l’École supérieure d’arabe. Cette mesure est excellente et gagnera à être généralisée. Les étudiants parisiens trouvent à Tunis un milieu particulièrement favorable ; ils peuvent assister à des cours faits en langue arabe, mode d’enseignement que, jusqu’à nouvel ordre, on chercherait en vain dans les autres écoles de France ou de l’Afrique du Nord. La fréquentation quotidienne de condisciples indigènes les initie aux réalités de la vie musulmane ; et il n’est pas jusqu’au chemin, qui à travers les Souks, conduit à l’École, qui ne leur offre au passage d’utiles enseignements.

Bref, l’École supérieure de langue et de littérature arabes, par la force de son enseignement et le niveau des examens auxquels elle prépare, par l’extension donnée à son rôle et à son action, se place au premier rang des institutions similaires de l’Afrique du Nord.

Service météorologique :

Au 31 décembre 1921, le Service météorologique comptait 179 stations, soit 9 de plus qu’au 31 décembre 1920.

Ces stations se groupent ainsi :
20        stations           complètes
47        —                    simples
95        —                    pluviométriques
17        —                    anémologiques.

Leur fonctionnement a été assuré :

Par      la colonie agricole et industrielle                                                     pour 61 stations
—        l’Instruction Publique et les Beaux-Arts                                           pour 43    —
—        les Travaux Pubtics                                                                          pour 24    —
—        les Affaires Indigènes                                                                       pour 12    —
—        la Direction de l’Agriculture                                                             pour 11    —
—        les Contrôles Civils                                                                          pour 5      —
—        les Compagnies de Chemins de fer Bône-Guelma et Sfax-Gafsa    pour 5      —
—        le Service de Santé militaire                                                            pour 3      —
—        la Compagnie du Gaz et des Eaux                                                    pour 2      —
—        les Services Economiques Indigènes                                                pour 2      —
—        le Service de l’Aviation et de l’Aéronautique militaire                    pour 2      —

Les observations ont été régulièrement faites, et le Service Central a, comme les années précédentes, établi pour chaque mois :
1° un tableau résumant la pluviométrie quotidienne pour l’ensemble de la Tunisie.
2° un tableau résumant les principales données climatologiques : pression barométrique, pluie totale, jours de pluie, températures maxima et minima moyennes et extrêmes, humidité relative, régime des vents et phénomènes accidentels.

La publication de ces travaux au Journal Officiel Tunisien n’a pu cette année-ci être assurée comme par le passé.

Cette lacune sera comblée par la publication annuelle qui assurera ainsi la continuité des documents statistiques du Service. La collaboration du Service météorologique aux Services des Travaux Publics, de la Direction de l’Agriculture, de l’Aéronautique et de l’Aviation a été assurée.

En dehors des travaux relatifs au service courant, la Direction du Service a établi pour la période 1901-1920, le régime des pluies pour les régions d’Aïn-Draham, Béja, Téboursouk, Bizerte, Kélibia, Tunis, Grombalia, Beaucastel, Moghrane, Le Thibar, Zaouem, le Kef, Thala, Mac- tar, Kairouan, El Djem, Sousse, Sfax, Gabès, Gafsa, Ben Gardane.

Une étude semblable et pour un plus grand nombre de stations est en voie de réalisation pour le régime des vents considérés quant à leur fréquence et à leur force. Une partie de ces travaux statistiques a été publiée dans la statistique générale de la Tunisie (année 1920).

Grâce à la collaboration de la Direction Générale des Finances, une carte de la grêle par cheikhat a pu être établie pour l’année agricole 1920-1921.

Enfin, les sondages aérologiques faits à la station de Carouba pendant l’année 1920 ont été étudiés et le résultat de cette étude mis sous forme d’une nouvelle contribution à l’étude du régime des vents de la région de Bizerte en vue de l’aéronautique et de l’aviation.

La série des observations enregistrées à la station centrale s’est poursuivie sans lacune et un bulletin hebdomadaire a été publié au Journal Officiel Tunisien.

Bibliothèque publique :

La Bibliothèque publique de Tunis a fonctionné pendant l’année 1921 d’une façon qu’il y a lieu d’estimer satisfaisante.

PhotoN4-Rapport1921En 1920 déjà, on avait pu signaler une progression très sensible dans le nombre des personnes qui l’avaient fréquentée. Cette progression semble s’être encore accentuée. Les chiffres de l’année 1921 concernant le nombre de lecteurs qui y sont venus lire ou travailler dans les salles et des lecteurs qui ont emporté des ouvrages à domicile sont en augmentation d’environ 50% sur ceux de l’année 1920, immédiatement précédente. Ils sont près de trois fois supérieurs à ceux de l’année 1910, date de la réorganisation de la Bibliothèque et de son transfert dans les bâtiments du souk El-Attarine où elle est actuellement installée. Alors qu’en 1910 il n’y était venu en moyenne que 33 personnes par jour et 50 en 1920, il en est venu plus de 80 en 1921. Le tableau suivant donnera du reste toutes les précisions désirables

Les efforts qui ont été faits pour mieux faire connaître la Bibliothèque et ses ressources et en faciliter l’utilisation, n’ont donc pas été stériles. On ne s’est du reste pas borné à cela. Les plus grands efforts ont porté sur l’accroissement du fonds actuel. D’importantes collections scientifiques ont été acquises, notamment en géologie et en paléontologie, en linguistique et en archéologie. Des collections historiques et littéraires ont été également ajoutées à celles qui existaient déjà et on a continué à combler les lacunes des collections anciennes. Une bonne série de livres sur l’histoire de l’art et tout particulièrement de monographies d’artistes, peintres, sculpteurs et musiciens a été constituée. D’autre part, de nombreux volumes de littérature contemporaine, de vulgarisation scientifique, beaucoup d’ouvrages concernant les questions actuelles ont été mis en lecture. Enfin, la bibliothèque a bénéficié d’un certain nombre de dons, et en particulier d’une collection de plus de 3.500 thèses de médecine qui seront cataloguées au cours de l’année prochaine. Le nombre des volumes de tout genre qui s’élevait en juin 1920 à 62.304 était parvenu à 67.427 au 15 juin 1921 et il s’est encore accru d’au moins un millier avant la fin de l’année. La place fait de plus en plus défaut pour loger ces acquisitions.

  1. Enseignement secondaire

Les Établissements d’Enseignement secondaire sont : à Tunis, un lycée de garçons (Lycée Carnot), un collège pour les indigènes (Collège Sadiki), deux lycées de jeunes filles (Lycée Armand Fallières et Petit Lycée Jules Ferry), et à Bizerte des cours d’enseignement secondaire (Collège Stephen Pichon). On trouvera ci-dessous le tableau de leur situation en 1921, au point de vue du personnel, de l’enseignement et de la population scolaire.

  • Les professeurs :

Le Lycée Carnot manquait de personnel. Un effort heureux a été fait pour lui fournir des professeurs. A la rentrée d’octobre 1921 sont entrés en fonctions 2 agrégés de mathématiques, 1 agrégé de physique, 1 agrégé des lettres, 1 agrégé d’anglais (professeur du cadre d’Alsace-Lorraine assimilé), 1 admissible à l’agrégation d’histoire, 1 licencié ès-lettres, diplômé d’études supérieures, 1 professeur de gymnastique.

Grâce à cet appoint et malgré le départ de 2 professeurs (mathématiques et histoire), le lycée possède actuellement [5 professeurs agrégés, 2 admissibles à l’agrégation, 1 docteur ès-lettres, 1 diplômé d’études supérieures, 4 professeurs licenciés, 4 professeurs des classes élémentaires et, pour les classes primaires, 3 bacheliers, 9 instituteurs et 6 institutrices pourvus du brevet supérieur. La proportion des professeurs agrégés qui représentent les deux cinquièmes du personnel secondaire est supérieure à celle des lycées de la métropole de même importance.

Au Collège Sadiki, le personnel enseignant comprend : 1°pour l’enseignement secondaire 10 professeurs français :

1 agrégé d’arabe, 4 licenciés (mathématiques, sciences, français, histoire et géographie), 2 professeurs (brevet supérieur et diplôme d’arabe), 3 chargés d’enseignement : administration et législation tunisienne (docteur en droit), écriture française (brevet supérieur) et gymnastique (diplômé de l’Institut de Stockholm) ; 6 professeurs indigènes : 1 certifié d’arabe, 4 cheikhs, professeurs à la Grande Mosquée et 1 professeur de calligraphie arabe; 2° pour l’enseignement primaire (Annexe) : 3 instituteurs français, 2 instituteurs indigènes et 3 moueddebs, diplômés de la Grande Mosquée.

Le Lycée Armand Fallières a reçu en octobre une nouvelle maitresse chargée de cours (licenciée ès-sciences) en remplacement d’une maitresse en congé. L’établissement possède actuellement le personnel suivant :
Sciences : 1 agrégée, 2 professeurs titulaires, 1 admissible à l’agrégation, 3 chargées de cours licenciées, 1 chargée de cours de collège.
Lettres : 4 agrégées, 3 professeurs titulaires, 3 chargées de cours licenciées, 2 professeurs d’Ecole Normale, 2 chargées de cours de collège, 1 institutrice détachée.
Langues vivantes : 2 chargées de cours de lycée, 1 institutrice détachée.

Il y a en outre 1 professeur de dessin, 2 maîtresses de travaux à l’aiguille, 1 maitresse de gymnastique et 3 professeurs auxiliaires (dessin. solfège, arabe).

Au Petit Lycée Jules Ferry, un professeur titulaire du Lycée Armand Fallières a été chargé de la direction, en remplacement de la directrice titulaire, en congé. Deux institutrices détachées au Petit Lycée, en congé pour convenances personnelles, ont repris leurs fonctions en octobre. A la même date une, institutrice pourvue du certificat d’aptitude à l’enseignement de la gymnastique a été chargée de cet enseignement dans toutes les classes. Le personnel enseignant comprend i ç institutrices pourvues du brevet supérieur.

Le Collège Stephen Pichon a, depuis la rentrée d’octobre, 3 maîtres nouveaux : 1 professeur, ingénieur des Arts et Métiers (mathématiques et physique), 1 instituteur, pourvu du brevet d’arabe (arabe et français en 6e et 5e), 1 instituteur (enseignement commercial en 1er et 2e année commerciale et arithmétique dans le 1er cycle), 1 instituteur (cours supérieur à l’école primaire élémentaire).

Le personnel, en dehors du directeur, chargé d’interrogations de mathématiques et de physique dans les classes du baccalauréat, est composé de 2 professeurs licenciés, de 2 professeurs d’Ecole Normale, d’un ingénieur des Arts et Métiers, d’un professeur bachelier, de 6 instituteurs et, pour les classes primaires, d’un instituteur et de 6 institutrices.

  • L’Enseignement :

 Au Lycée Carnot, l’enseignement continue à être donné d’après les programmes français de l’enseignement secondaire, avec les adaptations nécessaires. Les modifications projetées dans les programmes français seront appliquées, dès qu’elles auront été définitivement arrêtées.

Au 1er octobre 1921, il n’y a pas eu de création de classe. Certains allégements ont été apportés aux horaires par la suppression des classes de 11 h à 12 heures.

Il y a actuellement 45 classes, savoir 10 dans le 2e cycle, 18 dans le i” cycle, 17 classes élémentaires au petit lycée.

Résultats des examens. — Aux deux sessions de juin et d’octobre, 182 élèves du lycée se sont présentés au baccalauréat : 31 à la 2e partie Mathématiques, 40 à la 2e partie Philosophie, 111 à la 1ère partie. 134 ont été admissibles : 28 en Mathématiques, 36 en Philosophie, 70 en 1ère. 119 ont été reçus : 27 en Mathématiques, 31 en Philosophie, 61 en 1ère, 23 ont été reçus avec mention. La proportion des reçus 119/182, soit 2/3, est des plus significatives.

Le Collège Sadiki comprend 6 classes secondaires, 4 correspondants à la section B du 1er cycle et 2 correspondants à la section D du 2ème cycle.

Le nombre des classes primaires de l’Annexe est de 7, savoir : 2 pour le cours enfantin, 2 pour le cours élémentaire et 2 pour le cours moyen, 1 pour le cours préparatoire.

Au 1er octobre, 2 modifications ont été apportées à l’horaire hebdomadaire : deux heures de lexicologie arabe et d’exercices de composition arabe ont été ajoutées en 3e B; 1 heure de droit musulman a été ajoutée en 1er D.

Ces additions ont été motivées par le caractère même de l’enseignement donné au Collège, établissement secondaire dont les disciplines fondamentales sont l’étude des deux langues française et arabe. Il importe que cette dernière matière y soit largement représentée. Après une première évolution qui a fait introduire en 1917 la pratique régulière des exercices de composition arabe en Seconde et en Première, l’expérience a démontré que l’heureux résultat obtenu serait certainement amélioré si les élèves étaient soumis pendant 3 ans au lieu de 2 à cette discipline, qui n’a son équivalent nulle part ailleurs, ni à la Grande Mosquée, ni au Lycée Carnot.

Quant à l’heure additionnelle de droit musulman, elle permet aux élèves de Première d’avoir un exposé complet et méthodique de cette matière que l’enseignement du cheikh ne leur fait connaître que selon les procédés traditionnels des Universités musulmanes.

Résultats des examens : 1° au Collège, sur 6 candidats présentés au diplôme de fin d’études secondaires du Collège, 4 ont été admis, dont 1 avec mention assez bien et 1 avec mention bien. Sur 18 candidats au brevet d’arabe, 14 ont été reçus, dont 9 avec mention assez bien.

2° A l’Annexe, sur 21 candidats au certificat d’études, 19 ont été admis, dont 4 avec mention bien.

Le Lycée Armand Fallières comporte une double série de classes, les unes conduisant au baccalauréat, les autres préparant aux brevets de l’enseignement primaire.

Les classes du baccalauréat sont au nombre de 13. Les classes des brevets sont au nombre de 15.

La classe de Mathématiques élémentaires a été rétablie au 1er octobre pour permettre à des élèves très bien douées de préparer le baccalauréat scientifique. L’enseignement du latin qui commençait, les années précédentes, dans la classe de l’année préparatoire (6e des lycées de garçons) avec 3 heures par semaine ne commence plus qu’en 5e avec cinq heures par semaine dans chacune des classes de 5e et de 4e, et 6 heures dans chacune des classes de 3e, 2e, 1er.

Cette mesure aura un heureux résultat. Elle laissera aux familles une année de réflexion et d’expérience de plus pour opter, soit pour l’enseignement secondaire des jeunes filles, soit pour l’enseignement classique proprement dit.

Les programmes nouveaux des Ecoles Normales sont appliqués à l’heure actuelle en 4e et en 5e années (classes du brevet supérieur). Ils le seront l’an prochain en 6e année.

Résultats des examens. — 28 élèves ont été reçues au baccalauréat ; 12 à la 2e partie (Philosophie), 13 à la 1ère partie Latin-langues, 2 à la 1ère partie Latin-sciences et 1 à la 1ère partie Sciences-langues.

9 élèves ont obtenu le brevet supérieur ; 25 le brevet élémentaire ; 7 ont subi avec succès le concours d’entrée à l’Ecole Normale.

Le Petit Lycée Jules Ferry, pépinière du Lycée Armand Fallières, reçoit les élèves de la 11e à la 7e. Il compte actuellement 15 classes, 1 de onzième, 2 de dixième, 1 de neuvième, 5 de huitième et 4 de septième.

Le nombre des élèves de la division enfantine (11e) et des classes de 8e rend désirable la création d’une ou de deux nouvelles divisions : mais la mesure ne pourra être réalisée, faute de la place nécessaire, que le jour où il sera possible de disposer d’un bâtiment contigu actuellement occupé par un service de la Direction Générale de l’Agriculture.

Résultats des examens. — Sur 100 élèves qui ont subi l’examen de fin d’études du Petit Lycée Jules Ferry, 85 ont été déclarées admissibles et 83 définitivement admises.

Au Collège Stephen Pichon, les classes suivantes ont été créées au 1er octobre : mathématiques et philosophie pour la préparation à la 2e partie du baccalauréat, 2e année commerciale et 2e année industrielle.

Le Collège a un caractère original. Il est constitué par la réunion dans le même local et sous une direction commune, d’une école primaire élémentaire (6 classes), d’une école primaire supérieure avec section normale (4 classes) et sections commerciale et industrielle (actuellement 2 classes commerciales et 2 classes industrielles), de cours d’enseignement secondaire (7 classes, de la 6e aux Mathématiques ou à la Philosophie).

Résultats des examens. — En 1921, le Collège a présenté pour la première fois des candidats au baccalauréat (1ère partie). Sur 4, 2 ont été admis, dont 1 avec la mention assez bien. Au brevet élémentaire, 3 élèves ont été reçus sur 6 présentés. Au certificat d’études primaires, il y a eu 20 admis sur 21 candidats.

  • Les Élevés:

La population scolaire des cinq établissements secondaires de la Régence s’élève au 31 décembre 1921 à 3261 élèves, classes primaires comprises ; (2200 garçons et 1061 filles). Au 31 décembre 1920 elle était de 3091 élèves (2081 garçons et 1010 filles). Il y a donc un gain total de 170 unités (119 garçons et 51 filles).

Au point de vue des nationalités, ces 3261 élèves se répartissent ainsi qu’il suit :

PhotoN5-Rapport1921Le simple examen de cette- statistique fait ressortir la forte proportion des élèves français : 54 de l’effectif total.

Au point de vue de l’enseignement, la répartition est la suivante :

PhotoN6-Rapport1921Au Collège Sadiki, les 98 élèves du Collège sont internes ou demi-pensionnaires. Il y a 8 demi-pensionnaires parmi les élèves de l’Annexe, les autres sont externes.

Au Collège Stephen Pichon, il n’y a actuellement que des externes. Mais les travaux d’agrandissement commencés en juillet 1921 comportent, outre de nouvelles salles de classes, les locaux et aménagements nécessaires pour les services de l’internat dont l’ouverture aura vraisemblablement lieu à la rentrée d’octobre 1922.

  • Enseignement primaire supérieur et technique

Les Établissements d’enseignement primaire supérieur sont, à Tunis, les Écoles Normales d’instituteurs et d’institutrices, le Collège Alaoui, pour les garçons et l’École Paul Cambon, pour les jeunes filles. L’enseignement technique proprement dit est donné à l’École professionnelle Emile Loubet. Voici quelle a été leur situation en 1921, au point de vue du personnel, des études et de la population scolaire.

Les Écoles Normales :

1° Les professeurs :

A l’École Normale d’instituteurs, il n’y a d’autre changement à signaler, à la rentrée d’octobre 1921, que la suppression de l’emploi de professeur de gymnastique par suite de l’organisation à l’École de la préparation militaire du 3e degré, et le remplacement du professeur de musique et de chant, mis à la retraite. Le personnel enseignant comprend :

1°) à l’École Normale : le directeur, chargé de l’enseignement de la morale et de la pédagogie. 2 professeurs licenciés (lettres et sciences). 2 professeurs d’École Normale (mathématiques et histoire). 1 diplômé supérieur d’arabe (langue arabe) 4 professeurs auxiliaires (dessin, musique, agriculture, travail manuel).
2°) à l’École d’application : 1 directeur, 2 instituteurs adjoints.
3° à l’École des élèves-mouderrès : 2 maîtres pour l’enseignement de l’arabe, 2 – du français 3 surveillants indigènes chargés de cours.

A l’École Normale d’institutrices au mois d’octobre 1921, un professeur de sciences, élève sortant de l’École Normale de Fontenay, a remplacé un professeur remis à la disposition du Gouvernement français. Une maîtresse de gymnastique a été déléguée pour l’éducation physique des élèves-maîtresses (3 heures par semaine) et des élèves de l’école d’application (4 heures par semaine). Il y a actuellement, outre la directrice, chargée de l’enseignement de la morale et de la pédagogie :

1°) à l’École Normale: 2 professeurs d’École Normale (lettres). 2 professeurs d’École Normale (sciences). 1 diplômé supérieur d’arabe (langue arabe). 3 professeurs auxiliaires (musique, enseignement ménager, gymnastique)

2°) à l’École d’application française : 1 directrice et 5 institutrices.

3°) à l’École d’application musulmane : 3 institutrices 1 monitrice et i moallema (maîtresse indigène).

2° L’Enseignement :

Le souci d’une adaptation nécessaire à des besoins locaux très particuliers a fait adopter, pour l’École Normale d’instituteur : une organisation différente de celle des Écoles Normales de la Métropole. L’établissement comprend : 1° Une École Normale du type métropolitain, suivant en 3 années d’études, les programmes de France un peu modifiés. (En dehors des 3 promotions normales, 5 élèves maîtres, démobilisés de la classe 1919, ont formé une 3e année bis et achevé leurs études dans le 1er trimestre scolaire 192 1-1922) ; 2° Une section indigène (élèves-mouderrès), répartie en 3 années, recrutée au concours parmi les jeunes gens musulmans qui se destinent à l’enseignement du Coran et de l’arabe écrit dans les écoles franco-arabes; 30 Une École d’application annexe à 6 classes.

La section spéciale, où des jeunes gens venant directement de France, instituteurs ou candidats instituteurs, accomplissaient un stage à l’Ecole Normale et à l’École d’application avant d’être versés dans les cadres, a été supprimée. L’École Normale continue à former un type particulier d’instituteurs : l’instituteur tunisien.

L’élève-maître doit acquérir à l’École une culture générale aussi complète que possible, le goût de l’étude et l’habitude du travail qui lui seront particulièrement salutaires parce qu’il est souvent destiné à passer la première partie de sa carrière dans des postes isolés. Il reçoit une culture professionnelle qu’ont appréciée fréquemment ses chefs et les directeurs des écoles où il est envoyé.

Mais ce qui distingue surtout l’instituteur tunisien de l’instituteur métropolitain, c’est une culture spéciale qui lui permet de remplir dans l’intérieur un certain nombre de fonctions extra-scolaires et d’augmenter ainsi son prestige aux yeux des populations.

Il apprend l’arabe à l’École Normale, le parle assez couramment à la sortie et, par-là déjà, il inspire confiance aux parents et aux autorités arabes qui lui prêtent volontiers leur concours. Il est capable, dans les régions dépourvues de médecin, de donner des conseils éclairés d’hygiène et de soigner certaines affections peu graves, mais très fréquentes. Dans un assez grand – nombre de centres de colonisation naissants, il assure, comme receveur, le service des postes et télégraphes. Il est parfois colon lui-même et les notions d’agriculture tunisienne qu’il a acquises à l’École en font un conseiller éclairé pour les cultivateurs indigènes.

L’enseignement à l’École Normale d’institutrices est réparti sur 3 années d’études dont chacune correspond à une promotion. Les promotions de 1re et 2e années, appartiennent au régime nouveau institué par le décret du 18 août 1920, celle de 3e année clôt l’ancien régime de 1905.

Désormais les élèves des trois promotions tout un stage simultané aux Écoles d’application française et musulmane. Un point essentiel de la réforme de 1920 est en effet l’établissement d’un parallélisme continu entre l’éducation professionnelle et l’éducation générale. Toutefois, le temps consacré aux exercices pratiques est plus considérable pour la 3e année actuelle, puisqu’elle doit faire en un an ce que les deux autres promotions feront en trois.

L’année 1921 a été pour nos élèves-maîtresses une année de pleine activité et de fécond labeur. Pour la première fois depuis sa fondation, relativement récente, rétablisse- ment a fonctionné avec un cadre complet de professeurs et acquis une organisation semblable à celle des établissements similaires de la métropole. Les études se sont trouvées vivifiées d’autre part grâce à l’application de nouveaux programmes. Il reste à donner à l’établissement, comme à celui des instituteurs, sa formule tunisienne, qui en l’adaptant de très près aux besoins particuliers du pays, lui permettra de contribuer, avec une efficacité accrue, à sa mission professionnelle.

Résultat des examens. — En juin et en octobre, 24 élèves-maîtres se sont présentés au brevet supérieur: 17 ont été admissibles, 15 ont été définitivement reçus. Au certificat de fin d’études normales, sur 15 candidats. 11 ont été admissibles et reçus; 5 ont subi les épreuves du certificat d’arabe parlé : 4 ont été reçus.

Les résultats, surtout au brevet supérieur, se ressentent des difficultés que l’on a éprouvées pour le recrutement des élèves-maîtres depuis plusieurs années.

A l’École d’application, 16 élèves ont été présentés au certificat d’études primaires élémentaires, 13 ont été admissibles et 11 reçus. Seize élèves-maîtresses sur 18 ont été reçues au brevet supérieur. Toute la promotion de 3e année (11 élèves-maîtresses) est sortie avec ce diplôme et a obtenu le certificat de fin d’études normales, 5 candidates au certificat d’arabe parlé ont été reçues, dont 3 avec mention assez bien et 1 avec mention bien.

Au certificat d’études primaires élémentaires, 26 élèves de l’École d’application ont été admises sur 27 présentées.

3° Les élèves. — Au 31 décembre 1921, la population scolaire des Ecoles Normales et de leurs écoles d’application était la suivante :

Ecole Normale d’instituteurs
Ecole Normale : 44 élèves-maîtres (40 français et 4 musulmans).
Section des élèves-mouderrès : 14 musulmans.
Ecole d’application : 174 élèves (88 français, 83 musulmans, 5 italiens, 3 maltais).
Total général : 232 élèves.

École Normale d’institutrices
École Normale : 40 élèves-maîtresses (françaises).
École d’application française: 191 élèves (167 françaises, 15 italiennes, 6 maltaises, 1 israélites).
École d’application musulmane : 95 élèves (musulmanes).
Total général :  326 élèves.

Les établissements d’enseignement primaire supérieur et professionnel de Tunis participent à la fois des écoles primaires supérieures et des écoles techniques.

Le Collège Alaoui :

1° Les professeurs :

Un professeur licencié nommé au Lycée Carnot a été remplacé par un professeur d’école primaire supérieure ; le professeur de mathématique des classes de 1re année, reçu au certificat d’aptitude au professorat, a été titularisé dans ses fonctions, un instituteur a été chargé, à titre provisoire, d’une nouvelle classe préparatoire indigène; le professeur de solfège, mis à la retraite, a été remplacé.

Le personnel enseignant comprend actuellement : 3 professeurs licenciés, 3 professeurs pourvus du certificat d’aptitude au professorat dans les Ecoles Normales et les Ecoles primaires supérieures, 1 professeur pourvu du certificat d’aptitude au professorat commercial, 2 professeurs d’arabe et. 2 professeurs de dessin, 1 professeur-adjoint (lettres), 1 professeur de cours complémentaire, 2 ingénieurs-agronomes et 3 professeurs auxiliaires : chant, gymnastique et anglais.

2° L’enseignement :

Aucune autre innovation à signaler que la création d’une quatrième classe à l’année préparatoire, en raison du trop grand nombre d’élèves inscrits dans la 3e classe préparatoire (indigènes).

Le Collège comprend actuellement 12 classes : 4 classes d’année préparatoire (2 françaises et 2 indigènes). 3 classes de 1re année, dont l’une constitue la première année de la Section commerciale. 2 classes de 2e année (2e A. Section générale – 2e B. Section arabe et 2e commerciale, réunies pour l’enseignement général, séparées pour les enseignements spéciaux). 2 classes de y année (même subdivision). 1 classe de 4e année.

Résultats des examens. — 21 élèves ont été admis au brevet élémentaire’, 9 à l’Ecole Normale, 2 au brevet d’enseignement primaire supérieur, 3 au brevet d’arabe, 10 au certificat d’arabe parlé, à la Banque d’Algérie, 1 à l’Ecole d’Agriculture, 1 au concours des éléves-mouderrès.

3° Les élèves :

Au 31 décembre 1921 le Collège comptait 308 élèves répartis en : 158 Français, 127 Musulmans, 15 Italiens, 6 Israélites et 2 Maltais.

Il y a lieu de signaler une augmentation assez sensible du nombre total des élèves; il n’était que de 257 au 30 juin 1921. Ce nombre varie beaucoup d’une année à l’autre et au cours même de l’année. Les élèves trouvent aujourd’hui à se placer plus difficilement que pendant la guerre; ils prolongent plus longtemps leur séjour au Collège.

Un autre fait notable est à relever : l’augmentation progressive et constante du nombre des indigènes musulmans (127) qui représentent actuellement le 2/5 de l’effectif.

Le Collège est devenu à ce point de vue l’établissement qui donne l’instruction post-primaire au plus grand nombre d’indigènes.

Les élèves se répartissent ainsi entre les différentes années :

Année préparatoire    103
1ère année                    88
2ème année                   39
3ème année                   48
4e année                      5

L’École professionnelle Emile Loubet :

1°) Les professeurs :

Pas de nomination à la rentrée en dehors de celle de 3 surveillants.

Le personnel enseignant comprend 8 professeurs, 5 professeurs auxiliaires, 2 chefs d’atelier, 6 ouvriers instructeurs, 1 moniteur de tissage, 1 chauffeur mécanicien.

2°) L’enseignement :

Il n’y a pas eu de création de classe au i” octobre. A cette date, l’Ecole comptait les sections et classes suivantes :

Section normale : 1ère année : 3 classes, 2e année : 2 classes, 3e année : 2 classes, 4e année : 1 classe (à 4 sections).
Section d’apprentissage : 3 années d’une classe chacune.

L’enseignement est resté sensiblement le même que celui de l’an dernier. Toutefois, en section normale, le temps consacré à l’enseignement du français a été réduit d’une heure en 3e année et augmenté d’une heure en 1″ année. Une école dont le but est de mettre à la disposition de l’industrie et de la colonisation des travailleurs instruits et expérimentés doit spécialiser son enseignement. Mais il est indispensable de donner comme base à cette spécialisation une solide culture générale et un enseignement technique général. Or on a constaté que les élèves, à leur entrée à l’école, ne possédaient pas toujours une instruction première rendant possible l’acquisition des connaissances requises. Cette insuffisance se marquait surtout en français et se maintenait souvent jusqu’à la fin des études. C’est pour y remédier qu’on a augmenté l’étude du français en i” année. Si cette mesure ne donne pas les résultats espérés, on sera peut-être amené à envisager la création d’une année préparatoire pour les élèves nouveaux reconnus trop faibles pour entrer d’emblée en ire année.

Résultat des examens. — 15 apprentis ont obtenu le certificat de capacité professionnelle, 2 candidats sur 47 ont obtenu le certificat de 3 e année, 20 se sont présentés pour le diplôme de fin d’études et ont été reçus.

Il y a lieu de signaler les avantages qui viennent d’être accordés aux titulaires de ces diplômes, particuliers à l’École.

Les apprentis pourvus du certificat de capacité professionnelle pourront être admis à 17 ans (au lieu de 18) dans les dépôts et laboratoires de la Compagnie Bône-Guelma.

Le certificat de 3e année donne le droit de se présenter au concours d’admission dans les Ecoles Nationales d’arts et métiers (décret du 7 février 1921).

Enfin, en octobre dernier, les anciens élèves de l’école pourvus du diplôme de fin d’études (électricité) ont été admis, sans examen, à l’Institut électrotechnique de Grenoble.

3° Les élèves :

L’École comptait au 31 décembre 1921 380 élèves, au lieu de 326 en juin dernier. La répartition des élèves est la suivante : l par nationalité : 290 Français, 45 Musulmans, 32 Italiens, 9 Maltais, 2 Israélites et 2 divers. 2e par sections : Section normale : 264 ; section d’apprentissage : 116.

L’École Paul Cambon :

1°) Les professeurs :

A la rentrée d’octobre 1921, deux professeurs, pourvues l’une du professorat industriel, l’autre du professorat commercial ont été nommées. Une maîtresse certifiée de l’enseignement secondaire (lettres) est provisoirement chargée d’un service d’enseignement à l’Ecole.

Le corps enseignant se compose de deux professeurs, techniques, d’un professeur d’école primaire supérieure, d’une certifiée (lettres), d’un professeur de dessin, de deux professeurs adjointes, de cinq institutrices, d’un instituteur (gymnastique), de trois répétitrices chargées d’enseignement, de deux maîtresses de travaux à l’aiguille et de neuf maîtresses auxiliaires pour les travaux manuels.

2°) L’enseignement :

L’École comprenait jusqu’au 1er octobre 1921, une année préparatoire à 2 classes, une Ire année à 2 classes, une 2e et une 3e années d’enseignement général. A côté de cet enseignement, fonctionnait une section de travaux manuels à 4 classes pour deux années d’études.

En octobre ont été créées, une 3 e classe à l’année préparatoire, une classe à la 2e année commerciale, une classe à la 3e année commerciale, quatre sections professionnelles spécialisées.

L’enseignement commercial a reçu un plus grand développement, pour répondre au vœu des familles. La section commerciale a été organisée : c’est celle dont les classes sont les plus nombreuses. Les programmes dans cette section sont ceux des écoles pratiques de France et préparent au certificat d’études pratiques commerciales, mais les élèves peuvent se présenter aussi au brevet élémentaire ou au concours de l’École Normale, 3 autres classes forment la section industrielle ou normale, où l’on prépare au certificat d’études pratiques industrielles ainsi qu’au brevet élémentaire et à l’École Normale.

Quant à la section de travaux manuels elle comporte comme l’année dernière, d’une part deux années d’études de travaux manuels généraux et deux classes pour chaque année. Ces cours conviennent aux élèves qui veulent se préparer à tenir convenablement un intérieur : on y enseigne tous les travaux que doit connaitre une bonne maitresse de maison. +Mais cette organisation était insuffisante pour les élèves désirant apprendre à l’Ecole une profession leur permettant de gagner leur vie. C’est pour cette catégorie de jeunes filles que des sections spécialisées de coupe, lingerie, broderie et modes-broderie ont commencé à fonctionner cette année.

Résultats des examens. — 17 élèves ont été admises au certificat d’études pratiques de l’École et 16 aux divers certificats de travaux manuels, 5 pour la broderie, 4 pour la coupe et 7 pour la lingerie. Enfin 8 élèves ont obtenu le brevet élémentaire.

3°) Les élèves :

L’École recevait, à la fin de l’année 1921,404 élèves : 203 Françaises, 153 Israélites, 39 Italiennes, 1 Musulmane, 8 de nationalités diverses. Ces élèves se partagent entre les différentes sections de la manière suivante :

Année préparatoire 92 Section industrielle ou normale, 71 Section de travaux manuels généraux. 102 Sections de travaux manuels spécialisés. 47

Le nombre des élèves a suivi une progression rapide depuis l’année dernière et depuis le début de la présente année scolaire : 264 en juin 1921, 362 en octobre, 404 en décembre. Cet accroissement a été rendu possible par l’agrandissement des locaux et par l’adjonction à l’ancienne école d’un corps de bâtiment à 3 étages qui comprend 10 salles de classes nouvelles. L’année 1921 a donc marqué pour l’École Paul Cambon une étape importante dans son développement.

Les Écoles primaires supérieures et les Cours complémentaires de l’intérieur. — Les Ecoles primaires supérieures de garçons et de filles ont été créées à partir de 1900 1 à Bizerte. à Sousse et à Sfax. Elles ont toutes une école primaire annexe. L’Ecole primaire supérieure de Bizerte (garçons) a pris le nom de Collège Stephen Pichon depuis le ier janvier 1920.

Personnel. — A l’origine, le personnel était fourni par des instituteurs, sauf à Sfax (filles) où la directrice était pourvue du professorat. Peu à peu, un personnel de professeurs a été recruté.

Les directeurs et directrices sont des professeurs pourvus du certificat d’aptitude au professorat dans les Ecoles Normales et Ecoles primaires supérieures (Bizerte, garçons et Sousse, filles) ou de l’Enseignement technique (Sfax, garçons) ou des professeurs adjoints (Bizerte, filles Sousse, garçons – Sfax, filles). Il leur est adjoint un personnel qui comprend deux professeurs d’Ecole Normale et d’Ecole primaire supérieure, cinq professeurs licenciés, six professeurs adjoints et seize instituteurs ou institutrices délégués. — Un nouveau poste de professeur de sciences a été créé à Sousse, pour les deux écoles primaires supérieures, à la rentrée de 1921.

Enseignement. — Les programmes sont ceux qui sont prévus en France par l’arrêté d’août 1920 avec les adaptations nécessaires; par exemple, une part plus grande est faite à l’enseignement du français et une heure par semaine est consacrée à l’histoire et à la géographie de la Tunisie et de l’Afrique du Nord. Les langues vivantes enseignées sont l’arabe parlé et l’anglais.

Des classes facultatives de latin ont été créées à l’intention des élèves qui désirent poursuivres leurs études au lycée. Les études conduisent au brevet élémentaire et au concours d’entrée à l’École Normale primaire.

Population scolaire. — Au 31 décembre 1921. il y avait dans les six écoles primaires supérieures de l’intérieur, 1.144 élèves dans les classes élémentaires, tandis que 511 élèves recevaient l’enseignement primaire supérieur proprement dit. Il y avait 171 élèves dans les classes de l’année préparatoire et 340 dans les classes des trois années d’enseignement primaire supérieur. L’année préparatoire représente 7 classes, avec une moyenne de 24 élèves par classe.

Les 1er, 2e, 3e et 4e années représentent 19 classes, avec une moyenne de 17 élèves par classe. Seize cours complémentaires préparent également au brevet élémentaire, dans les écoles suivantes :

Garçons : Radès, Nabeul, Mahdia.
Filles : Tunis (rue Bab-Souika), La Goulette, Radès, Nabeul et Mahdia.
Mixtes : Ferryville, Tabarca, Béja, Souk-el-Arba, Le Kef, Armand- Colin, Zaghouan et Gabès.

Certains cours complémentaires ont pu être orientés vers l’enseignement pratique et ont un caractère nettement professionnel, par exemple pour les garçons, celui de Ferryville, et pour les filles, celui de la rue Bab-Souika à Tunis.

Population scolaire. — L’ensemble des cours complémentaires reçoit 275 élèves, soit une moyenne de 17 élèves par cours.

  1. Enseignement primaire ?

Le personnel. — Les Inspecteurs. — Le personnel de l’inspection comprend : 1 Inspecteur délégué à la Direction de l’Enseignement primaire, 6 Inspecteurs chargés de l’inspection des écoles, en résidence à Tunis (circonscriptions de Tunis-Nord, Tunis-Est et Tunis-Ouest), à Bizerte, à Sousse et à Sfax.

Les Maîtres. – Dans les 342, écoles primaires publiques, qui comptaient 1028 classes au 31 décembre 1921, l’enseignement est donné par 1174 maîtres et maîtresses.

Ces maîtres se divisent en instituteurs et institutrices de langue française (titulaires, stagiaires et intérimaires), en maîtres de langue arabe (moueddebs et mouderrès) et en maîtres divers (moniteurs et monitrices d’enseignement général, moniteurs d’enseignement professionnel, maîtresses de couture, etc).

Les dernières institutrices intérimaires de guerre ont pu, à la rentrée d’octobre 1921, être remplacées par des maîtres ou maîtresses de carrière ; une quinzaine d’entre elles ont d’ailleurs été placées définitivement dans les cadres en même temps que quelques institutrices de la Métropole mariées à des instituteurs ou autres fonctionnaires de la Régence ; autant d’intérimaires de guerre seront vraisemblablement appelées à un emploi d’institutrice en 1922, ce qui en épuisera la liste.

Il faut constater que nous admettons ainsi dans les cadres une assez grosse proportion de maîtresses ne possédant que le brevet élémentaire, alors que des postulantes pourvues du brevet supérieur, mais non intérimaires de guerre, attendent un emploi. Du côté du personnel masculin, on est aussi dans la nécessité de confier des emplois à des maîtres pourvus du seul brevet élémentaire, faute d’autres candidatures. Néanmoins, dans l’ensemble, l’enseignement s’améliore comme en fait foi la progression de la moyenne des notes données par les Inspecteurs primaires.

Les élèves. — Ce qui est plus caractéristique du relèvement des écoles, ce sont les nombreuses inscriptions nouvelles qui ont eu lieu, particulièrement à la rentrée de 1921. Dans nombre de localités et principalement dans les villes, Tunis, Ferryville, Béja, Nabeul, Sousse, M’saken, Moknine, etc. l’afflux a été tel qu’il n’a pas été possible de donner satisfaction à toutes les demandes. En particulier, les écoles franco arabes et les écoles de filles musulmanes, qui avaient vu par endroits leur effectif baisser pendant la guerre, se sont remplies au delà de toute attente. Le nombre des élèves des-écoles primaires est ainsi passé, de 1920 à 1921, de 33.740 élèves à 36.639, soit une augmentation de 2.899 unités. Sur ces nombres les indigènes figurent pour 11.228 en 1920 et 13.026 en 1921 (11.644 garçons et 1.352 filles); augmentation, 1798 musulmans (voir page 126).

Les élèves musulmans (13.026) fréquentent pour la plupart les écoles franco-arabes et les écoles de filles musulmanes dont il sera question plus loin. Les trois autres éléments principaux de notre population scolaire (Français, Italiens, Israélites) sont presque toujours mêlés, mais en proportions très diverses dans les écoles. Les Français sont les plus nombreux à Bizerte, Ferryville, Tindja, Tunis, Sousse et Sfax.

PhotoN7-Rapport1921Les Italiens prédominent dans beaucoup d’écoles de la région du Cap Bon et des environs de Tunis. Les Israélites forment unélément important à l’Ariana, Béja, Tunis, Bizerte, Gabès, Djerba, le Kef, La Marsa, Mateur, Sousse et Sfax. Les élèves de langue italienne (italiens et maltais) arrivent très vite à comprendre le français. Ils s’attardent un peu dans les cours inférieurs jusqu’à l’acquisition du vocabulaire courant, mais ils suivent facilement leurs camarades français dès la 3e ou 4e année de scolarité. Les Israélites ont plus de peine à s’assimiler le français. Il faut multiplier pour eux les leçons de langage et les exercices oraux. Mais il n’a jamais été nécessaire de leur affecter des classes spéciales.

D’une manière générale, le niveau des classes dépend un peu de la proportion des élèves français. Quand ils sont en majorité, leurs camarades étrangers, entraînés par eux, se mettent plus vite au courant. Quand ils sont en minorité, tout le monde avance un peu plus lentement. Lorsqu’il y a dans une localité plusieurs écoles, la répartition des élèves entre les diverses écoles se fait d’elle-même par nationalités, du fait que les diverses populations habitent souvent des quartiers distincts.

L’enseignement général dans les écoles d’Européens

Les écoles tunisiennes sont organisées en principe sur le modèle de celles de la Métropole. Mais il est nécessaire d’adapter les programmes et les méthodes « en tenant compte de la diversité d’origine des élèves et des faits particuliers de la vie économique de la région, de la ville, du village où est située l’école ».

Cette adaptation s’impose d’autant plus qu’il y a plus d’élèves étrangers. Il faut, dans ce cas, faire une large place aux exercices oraux de langue française, notamment au langage et retarder l’enseignement de certaines matiéres jusqu’à ce que les enfants aient une connaissance suffisante de notre langue.

L’enseignement pratique

Dans la plupart des écoles l’enseignement pratique a sa place dans les programmes. Dans les écoles de la campagne, on enseigne l’agriculture 1 non seulement en classe mais dans le jardin scolaire. Là où les conditions sont favorables, l’enseignement pratique est poussé bien plus loin. C’est ainsi qu’un enseignement complémentaire professionnel a pu être organisé à Ferry ville.

Les cours professionnels de Ferryville comprennent un cours de dessin industriel et trois ateliers : menuiserie, ajustage et forge, chaudronnerie. Les élèves sont ceux de la classe du certificat et du cours complémentaire de l’école de garçons. Ces cours sont organisés dans des conditions très satisfaisantes grâce au concours de la Marine, qui prête ses agents techniques pour diriger les travaux et a cédé ou prêté l’outillage et les matières premières.

Dans les écoles de filles, la couture et l’enseignement ménager ne sont pas négligés. A Tunis, des ouvrières professionnelles sont chargées des fonctions de maîtresses de couture. A la rentrée de 1909 et depuis, des écoles de couture destinées à recevoir les élèves qui ont terminé leurs études ont été ouvertes auprès des écoles de filles à Tunis, à La Goulette, à Radès, etc. La première en date de ces écoles et la plus importante est celle qui est rattachée à l’école de filles de Bab-Sollika, à Tunis. Au début, cette école de couture comptait peu d’élèves.

Peu à peu, à la couture, on ajouta la broderie, la coupe, les modes, la lingerie, le dessin décoratif, le repassage, la cuisine. En octobre 1919, on y joignit des cours d’enseignement général à raison de 2 heures par jour. — L’Ecole de couture ainsi complétée devint dès lors un cours complémentaire d’enseignement professionnel, manuel et ménager. Au Ier janvier 1922, ce cours complémentaire a été installé dans un local construit spécialement à son usage. Il forme, soit de bonnes ouvrières, soit des ménagères expérimentées.

Enseignement des Indigènes

L’enseignement général

Les écoles plus spécialement réservées aux indigènes musulmans, ou écoles franco-arabes ont un caractère particulier. L’enseignement est constitué, au début surtout, par des exercices de langage, avec emploi de la méthode directe. Les répétitions, les révisions y sont multipliées en vue de l’acquisition de la langue. Dans la suite, les autres matières du programme font leur apparition, mais plus tardivement que dans les écoles françaises. La différence la plus importante entre les écoles franco-arabes et les écoles françaises vient de ce que les premières sont des établissements d’enseignement bilingue.

Parallèlement à l’enseignement du français, des moueddebs et mouderrès indigènes y donnent l’enseignement de l’arabe écrit et y font réciter le Coran. Ces maîtres furent recrutés au début parmi les moued- debs des écoles coraniques privées (koutlabs) et parmi les étudiants de la Grande Mosquée. En 1894, une école spéciale de moueddebs avait été créée à la Médersa El Asfouria, puis transférée à la Médersa Ettadibia. Elle devint en 1909 une section d’élèves-mouderrès rattachée à l’Ecole Normale d’instituteurs. Cette section a été récemment réorganisée ; les modalités du concours d’entrée et le plan d’études ont été modifiés.

L’enseignement professionnel :

L’année 1921 a été, pour le service de l’enseignement professionnel, une année de stabilisation au point de vue du nombre d’élèves recevant cet enseignement et une année de progrès sensibles au point de vue de l’organisation et des résultats. Le chiffre des élèves apprentis, qui était descendu de 645 en 1918 à 524 en 1919 et à 490 en 1920, pour les raisons indiquées dans les précédents Rapports, était de 502 au 31 décembre 1921. Il semble que ce total doive rester la moyenne autour de laquelle oscillera le chiffre global pendant quelques années au moins.

L’enseignement continue à être donné dans les mêmes conditions générales sous son triple aspect agricole, industriel et commercial suivant les localités et le caractère particulier de l’activité économique dans chacune d’elles. Le mode dominant est toujours la collaboration de l’école et des patrons, horticulteurs, colons, compagnies d’exploitation, chefs d’ind ustrie, ou petits patrons, le maître étant le conseiller et le tuteur de l’apprenti, le patron son chef de pratique et son éducateur manuel.

  • Enseignement et apprentissage agricoles :

Dans la plupart des écoles rurales pourvues d’un jardin ou d’un champ de démonstration, les grands élèves participent aux travaux d’organisation et d’entretien et aux diverses opérations culturales. La leçon théorique, faite en classe, reçoit son application au jardin ou en est précédée selon le cas. Ces leçons et applications pratiques qui visent plutôt à donner aux jeunes indigènes une connaissance exacte des conditions locales du travail de la terre et de la culture que des connaissances générales et livresques, sont appréciées de la population musulmane adulte qui suit avec intérêt les démonstrations faites et les résultats obtenus au jardin de l’école.

La collaboration avec la Direction Générale de l’Agriculture, organisée en 1920, s’élargit et se développe. — 21 écoles, qui en avaient fait la demande, ont reçu gratuitement de cette Direction des lots de semences et d’engrais; 15 autres ont obtenu la graine de ver à soie nécessaire pour un essai d’élevage. Des instructions écrites ou des indications détaillées données aux intéressés par M. le Directeur des Services agricoles au cours de ses tournées à l’intérieur ont permis aux maîtres de tirer le meilleur parti de ces envois.

Dans les centres urbains, à Tunis, Sousse, Sfax, Kairouan, Gafsa et Gabès, l’apprentissage à demi-temps se poursuit au Jardin d’Essais sous la direction d’un chef de pratique éprouvé, recruté par la Direction de l’Agriculture ou par la Direction de l’Instruction Publique.

A Téboulba, cet apprentissage se fait chez un horticulteur, dans sa propriété même.

68 jeunes gens sont ainsi initiés aux difficultés de la culture maraîchère et arbustive en Tunisie soit : 3 à Tunis, 7 à Sousse, 6 à Téboulba, 7 à Kairouan, 14 à Sfax, 12 à Gafsa, 19 à Gabès.

  • Enseignement et apprentissage industriels :

Cet apprentissage se fait dans les ateliers scolaires pour le tissage et la teinture et dans les ateliers patronaux, sous le contrôle de l’école, pour les autres spécialités. Le régime normal est toujours le mi-temps ; la matinée, quatre heures sont consacrées à l’enseignement ; l’après-midi, quatre heures sont réservées au travail de l’atelier. Quelques apprentis, 1/10e  environ, ayant déjà obtenu leur certificat d’études primaires élémentaires ou y ayant renoncé, font leur apprentissage pendant la journée complète à l’atelier et reçoivent l’enseignement sous forme de cours du soir, à raison de une heure ou une heure et demie par jour.

Le total général des apprentis de l’industrie s’élève à 434. Dans ce total :

Tunis              compte                       168      apprentis
Sousse            –                      79        –
Sfax                –                      4          –
Kairouan         –                      41        –
Ksar-Hellal     –                      22        –

Les internats d’apprentissage de Tunis et de Ferryville ont fonctionné normalement. 12 heures y sont’ consacrées chaque semaine à l’enseignement du français, du calcul, du dessin et de l’arabe, le reste du temps étant consacré au travail à l’atelier. L’internat de Tunis compte 46 élèves apprentis âgés de 15 à 20 ans; celui de Ferryville, 17.

Les ateliers de tissage de Sousse, Ksar-Hellal et Kairouan ont été fréquentés chacun par une vingtaine d’élèves tisserands. La nécessité d’aller lentement pour initier méthodiquement les jeunes apprentis au tissage du coton, de la laine et de la soie n’a pas empêché une production très appréciable. La vente des tissus convenablement exécutés au cours des leçons pratiques, a rapporté plusieurs milliers de francs et permis d’allouer aux apprentis les plus assidus et les plus habiles des sommes importantes sous forme de primes de main-d’œuvre ou de récompenses en argent. — Les seuls apprentis tisserands de l’école franco-arabe de Sousse ont ainsi perçu pour leur compte 2017fr.90 au cours de l’année scolaire écoulée.

Des cantines ont fonctionné régulièrement dans les diverses écoles franco-arabes de Tunis au profit des élèves apprentis de condition pauvre. Elles ont absorbé un crédit de 18.600 francs et permis de servir gratuitement, durant les jours de travail, un repas chaud à une moyenne journalière de 120 apprentis nécessiteux.

  • Enseignement commercial:

Les cours de comptabilité en partie simple aux adultes et aux élèves des cours moyen et supérieur ont continué dans les diverses écoles de Djerba, à raison de 3 heures par semaine. L’enseignement a pu, cette année, être donné en français sans le secours d’un traducteur, les auditeurs ayant tous une connaissance suffisante de notre langue.

Des cours analogues ont été faits, à raison de 2 heures par semaine, aux élèves du cours supérieur, à l’école franco-arabe de Sfax. D’autres fonctionnent depuis le i” novembre 1921 dans les écoles franco-arabes de Sousse et de Kairouan.

  • Enseignements et apprentissages spéciaux divers :

A El Adjim, Mahdia et aux îles Kerkennah, centres de pêche importants, des leçons théoriques et pratiques de pêche et navigation sont données aux grands élèves qui se destinent à la profession de marin. Des sorties en- mer, à raison d’une ou deux par semaine en moyenne, sont faites sous la conduite d’un raïs ou d’un moniteur qualifié. Elles sont suivies avec assiduité et intérêt par les aspirants pêcheurs ou marins qu’elles familiarisent avec les réalités de leur future profession.

A l’Internat d’apprentissage de Tunis, à Ferryville, et dans les écoles franco-arabes de Sousse, Sfax et Kairouan où se trouvent des effectifs importants d’élèves apprentis du bois et du fer, des leçons de dessin industriel, croquis coté et composition décorative, sont faites régulièrement, à raison d’une ou deux séances par semaine. Les adultes, anciens élèves de l’école, y sont admis. A Sousse, un cours de technologie a été organisé. Les futurs artisans y sont familiarisés avec les mots et les choses des métiers les plus courants.

  • Ecoles de filles musulmanes :

Le total des élèves ou apprenties fréquentant les 15 écoles de filles musulmanes actuellement ouvertes s’élevait au 31 décembre 1921 au chiffre de 1.234, en augmentation de 75 sur le chiffre correspondant de l’année précédente et se décomposant ainsi :

PhotoN8-Rapport1921L’activité des ateliers ne s’est point ralentie et un stock important d’ouvrages divers, convenablement exécutés, tapis, dentelles, chebkas, broderie orientale, broderie blanche de Nabeul, broderie sur tulle, etc, a pu être confectionné et vendu. Au cours de l’année scolaire 1920- 1921, le produit de cette vente a donné la somme appréciable de 25.087 fr. 95 sur laquelle 17.195 francs ont été distribués aux élèves apprenties sous forme de salaires, de primes de main-d’œuvre ou de récompenses.

L’importance de ces chiffres indique assez l’utilité qu’il y avait à réglementer la vente et à donner à chacun des ateliers annexés à l’école une organisation comptable régulière.

Cette organisation, à la fois simple et nette, a été définie dans une circulaire en date du 15 mai 1920, adressée aux directrices d’écoles de filles musulmanes. Cette circulaire prescrit la tenue d’un Cahier d’atelier où sont inscrits, avec toutes les indications utiles, les divers travaux confiés aux élèves au fur et à mesure de leur mise en exécution et celle d’un cahier de matériel et de matières premières où sont portées en entrées et sorties toutes les fournitures achetées pour servir à l’exécution des ouvrages. La circulaire prévoit, en outre, que toute opération d’achat ou de vente fera l’objet d’une demande préalable d’autorisation à la Direction Générale de l’Instruction Publique. Elle prescrit enfin de tenir un compte exact des sommes distribuées aux élèves à titre de primes de main-d’œuvre, de manière à pouvoir, le cas échéant, fournir un état de ces répartitions.

Cette comptabilité permet de suivre exactement le développement des travaux et de se rendre compte des résultats obtenus à l’atelier.

  1. Conclusions et vœux :

L’enseignement professionnel des indigènes, dont les résultats actuels sont satisfaisants, mérite d’être encouragé et développé. Son extension a fait l’objet de vœux divers au sein des deux sections de la Conférence Consultative au cours de la dernière session de cette assemblée : elle répond à un besoin réel des populations et elle serait très profitable au développement de t’influence française en Tunisie.

Pour avoir son plein effet et porter tous ses fruits, l’enseignement professionnel scolaire doit être complété par un ensemble de mesures permettant aux apprentis ou aux ouvrières formés dans nos écoles ou autour de l’école de tirer de l’enseignement pratique et théorique qu’ils ont reçu le maximum de bénéfices. Cet ensemble de mesures suppose une organisation du service plus conforme à son objet et un effort financier plus considérable : l’année 1922 verra peut-être la réalisation de quelques-unes des dispositions nouvelles envisagées et l’amorce d’un nouvel essor.

  • Autour de l’école

Les Internats primaires. Internat de l’Ariana. Classes de plein air. – Les Internats primaires ont été créés en vue de permettre aux parents résidant loin de toute école de faire donner sans dépense exagérée l’instruction à leurs enfants Ces institutions, où la vie est toute familiale et la discipline paternelle, jouissent d’une grande faveur auprès des familles. Les élèves y sont exercés à la tenue de la maison, à la culture du jardin et même aux travaux d’atelier.

Le premier internat fut créé à Radès (garçons) en 1897.

Ces internats sont actuellement au nombre de 18, savoir 5 internats de garçons. 5 internats de filles, 8 internats mixtes. Ils reçoivent 686 élèves pensionnaires (403 garçons et 283 filles) dont 517 subventionnés (286 garçons et 231 filles). Le prix de la pension est actuellement de 90 francs par mois pour les élèves non subventionnés.

Ci-dessous la liste des internats avec le chiffre des pensionnaires : 1° Internats de garçons. – Aïn-Draham (16), Béja (47), Radès (71), Sfax (30), Sousse (43); 20 Internats de filles. – Aïn-Draham (14), Béja (32), Radès (72), Sfax (40), Sousse (42); 30 Internats mixtes. — Ariana (31 garçons, 25 filles), Armand Colin (19 garçons, u filles), Goubellat /15 gar- çons, 8 filles), Le Kef (21 garçons, 6 filles), Mateur (21 garçons, 15 filles), Souk-el-Khemis (28 garçons, 8 filles) Tébourba (16 garçons, 3 filles), Zaghouan (45 garçons, 7 filles).

L’internat de garçons d’Aïn-Draham qui avait dû être fermé a été rouvert en octo bre 1921. L’Internat de l’Ariana mérite une mention spéciale.

Ouvert en octobre 1918 à l’intention des enfants victimes de la guerre, il a été doté de la personnalité civile. Tous les élèves sont internes et subventionnés par l’Etat. L’établissement bénéficie de la sympathie des écoles et des amis des écoles. Il a reçu, depuis 191 8, des dons atteignant près de 50.000 francs qui servent à l’amélioration du bien-être des orphelins.

Des classes de « plein air » ont été fondée dans la Régence le 3 février 1919. Elles sont destinées à améliorer l’hygiène et la santé dans la population scolaire. Elles reçoivent les enfants débiles, sur avis du médecin et demande des parents. Jusqu’à présent l’expérience a été instituée dans les écoles de Tunis, en utilisant le parc et les locaux de l’Internat de l’Ariana. Une rétribution minime est demandée aux familles. Toutes autres dépenses sont à la charge de l’Etat. La durée de la période de séjour est de 5 à 10 semaines.

Les enfants ont été transportés d’abord par auto cars, puis en tramway. Ils restent à l’internat de 8 heures du matin à 5 heures du soir. Les classes et récréations ont lieu en plein air. Un service hydrothérapique fonctionne tous les samedis. Le pesage et la mensuration (taille et tour de poitrine) des enfants, le premier et le dernier jour de séjour, ont fait ressortir des résultats très encourageants.

Les Ecoles-recettes

Les écoles-recettes sont nées d’un besoin particulier à la Tunisie. Elles sont au nombre de 5. Les maîtres ou maîtresses qui en sont chargés sont à la fois instituteurs et postiers. Les horaires des deux services sont combinés de manière qu’ils se nuisent réciproquement le moins possible. Les instituteurs reçoivent une rétribution spéciale pour le service postal.

Dès que la recette fait des produits d’une certaine importance, la coexistence des deux services n’est plus possible et il est procédé à leur disjonction. C’est ainsi qu’en 1921, le service postal a été supprimé dans les écoles du Khanguet-el-Hadjaj et d’Aïn-el-Asker.

Les cours d’adultes

Les Cours d’adultes, suspendus pendant la guerre, ont été repris en 1919-1920. En 1919-1920 il y avait 56 cours, 765 auditeurs, avec une moyenne de 14 auditeurs par cours. En 1920-1921 il y a eu 58 cours, 1 356 auditeurs, avec une moyenne de 23 auditeurs par cours. En 1921-1922, l’organisation des cours d’adultes a été développée et complétée.

A Tunis, ont été ouverts :

1° Des cours d’enseignement primaire (cours complémentaire à l’école de la rue d’Italie, cours de révision à 2 degrés à l’école de la rue Bab-el- Khadra).

2° Des cours techniques de commerce et comptabilité, de mécanique appliquée, de technologie du bâtiment, à l’Ecole Paul Cambon ; de dessin d’art appliqué et de dessin industriel à l’Ecole Emile Loubet; de mathématiques appliquées à la mécanique et à l’électricité à l’école de la rue d’Italie.

3° Des cours d’arabe aux Européens, à 2 degrés (à l’école de la rue d’Italie).

4° Des cours de langue française aux indigènes, à 2 degrés (4 cours dans les écoles de la rue d’Italie, de la rue Sidi-Essourdou de la place aux Moutons, de la rue de l’Eglise).

Dans la banlieue de Tunis, des cours de français pour la population italienne ont été organisés à Birine et à Sedjoumi. A Nabeul, un ensemble d’enseignement postscolaire, comprenant 5 cours d’enseignement primaire et 2 cours d’arabe a été créé à l’intention des apprentis qui fréquentent les ateliers de la localité.

Dans la circonscription de Bizerte, existent les cours suivants : à Bizerte, des cours d’arabe aux Européens, à 2 degrés : des cours de français aux réfugiés russes, à 3 degrés; un cours de français aux indigènes, des cours de français et de comptabilité aux apprentis musulmans, un cours de français aux étrangers. à Béja, un cours d’arabe aux Européens, à deux degrés. à Menzel-Djemil et à Mateur, des cours de français aux indigènes. 1 Dans la circonscription de S/ax, ont été ouverts : à Sfax, un cours d’arabe aux Européens, un cours de perfectionnement aux apprentis du Sfax-Gafsa, un cours de sténographie et de dactylographie. 2 cours de français aux réfugiés russes; à Chenini, un cours de français aux indigènes ; à Djerba, un cours de comptabilité ; à Gabès (Djara et Menzel), des cours de français aux indigènes; à Gafsa-Ville, un cours de français aux indigènes.

Dans la circonscription de Sousse, des cours de français aux indigènes ont été organisés à Akouda (2 degrés), Hékalta, Enfidaville, Fériana. Kalaa-Srira, Ksar-Hellal, Mahdia, Moknine, Ouardenine, Sahaline, Sbeitla, Téboulba.

Un cours d’arabe aux Européens existe à Mahdia et un cours théorique et pratique de tissage à Ksar-Hellal.

Au total, l’organisation actuelle des cours d’ad ultes comprend 68 cours recevant au 31 décembre 1921, 1973 auditeurs, soit en moyenne 28 à 29 par cours. Sur ce nombre, 1293, soit environ les deux tiers, sont des indigènes musulmans. Il convient aussi de mentionner la présence sur les listes de Bizerte, Stax et Tunis de 158 réfugiés russes qui ont pu bénéficier, soit des cours organisés à leur intention, soit des cours déjà existants.

La comparaison des chiffres ci-dessus avec ceux des deux années scolaires précédentes fait ressortir les progrès et le succès de cette œuvre. Les cours sont plus nombreux et surtout la moyenne des auditeurs par cours a plus que doublé depuis 1919-1920.

Les Bibliothèques populaires

Destinées à maintenir et à étendre au dehors l’action de l’école française, organisées de manière à faciliter le travail des bibliothécaires qui sont les instituteurs eux-mêmes, subventionnées par la Direction Générale, par l’Alliance Française et quelquefois par les Municipalités, pourvues d’un Comité de patronage local, ces utiles institutions sont au nombre de 40 dans la Régence. Elles possèdent près de 50.000 volumes et ont effectué en 1921, 19.447 prêts, représentant 72.148 livres prêtés.

Leur développement, suspendu pendant la guerre, a repris, en 1921, sa marche normale. Des bibliothèques ont été installées à Zaghouan, Moknine, Tozeur et Thala.

A côté des bibliothèques populaires, la bibliothèque circulante de l’Ecole Normale d’instituteurs, gérée par des élèves-maîtres, sous le contrôle du directeur de l’Ecole Normale, envoie des ouvrages de travail ou de lecture aux fonctionnaires de l’Enseignement ou des autres administrations qui habitent l’intérieur. Elle a expédié en 1921, 676 volumes à 306 lecteurs.

L’Ecole de Musique compte actuellement 4 classes de piano, 2 classes de violon, 1 classe de solfège, de chant, de violoncelle, d’instruments à vent (bois).

En 1921, l’enseignement du solfège a été réorganisé. Cet enseignement, confié à un professeur de l’établissement, s’adresse d’une part aux élèves des cours d’instruments signalés par leur professeur respectif comme ayant besoin d’acquérir les notions indispensables de théorie musicale, d’autre part aux jeunes gens qui, n’appartenant pas à l’école, désireraient étudier spécialement le solfège.

La classe de violoncelle a été rouverte le ier octobre 1921, des élèves s’étant tait inscrire pour suivre les cours de cet instrument; mais la classe d’instruments à vent (cuivre) a dû être momentanément supprimée, le professeur spécial ayant quitté Tunis.

Le règlement organique de l’Ecole qui datait du Ier novembre 1913 a été refondu, après étude et sur la proposition de la Commission de perfectionnement.

Au 31 décembre 1921, l’effectif de l’Ecole comprenait 141 élèves, en augmentation de 30 unités sur l’année précédente. Ces élèves étaient répartis ainsi qu’il suit :

67 dans les classes de piano, 33 – – violon, 6 dans la classe d’instrument à vent (bois), 2 – de violoncelle, 11 – de chant, 22 — de solfège.

Bourses et subventions scolaires

1° Internais primaires. — Le crédit pour subventions à. accorder aux familles pour aider les parents de condition modeste à envoyer leurs enfants dans les internats était au budget de 1921 de 200.495 francs. Il a permis de subventionner 444 enfants. Le taux moyen des subventions est égal à la moitié du prix de la pension.

Les subventions spéciales accordées aux enfants victimes de la guerre pour l’Internat de l’Ariana s’élevaient en 1921 à 22.500 francs pour 64 élèves subventionnés.

2° Etablissements secondaires, primaires supérieurs et techniques. — Les crédits suivants ont été inscrits au budget de 1921 pour permettre aux enfants de poursuivre leurs études au delà de l’enseignement primaire sous la double condition de la possession du certificat d’études et d’un examen spécial subi avec succès.

Lycée Canot. 25.000 fr. 84 boursiers (19 internes et 65 externes).
Lycée Armand Fallières. 22.700 fr. 92 boursières (12 internes et 80 externes).
Collège Alaolli. 25.000 fr. 92 boursiers (40 internes et 52 externes).
Ecole Emile Loubet 30.315 fr. 93 boursiers (35 internes et 58 externes).

3° Enseignement supérieur. — Le crédit destiné à subventionner les jeunes gens arrivés au tei me de leurs études secondaires ou primaires supérieures en Tunisie et qui désirent les continuer dans la Métropole a été porté en 1921 de 12.000 francs à 24.000 francs.

En 1 920-1921 ont été subventionnés 20 étudiants, dont 4 jeunes filles, 3 indigènes musulmans et 1 indigène israélite, faisant des études de médecine, de droit, de sciences ou de lettres ou élèves des grandes écoles.

Pour la présente année scolaire, les subventions ont été continuées aux étudiants en cours d’études. En outre, de nouvelles subventions ont été accordées à 2 étudiants en médecine, une étudiante en lettre, 1 étudiant en sciences, 1 élève de première supérieure et 1 élève d’une école d’ingénieurs.

Les cantines scolaires

Cette œuvre, fondée en 1890, sous les auspices de l’Alliance française, dans les principales écoles de Tunis, étendue depuis à certaines écoles de l’intérieur, notamment à Sousse et à Bizerte, a pour objet de fournir, moyennant un prix très modique (et même gratuitement aux enfants indigents), un repas chaud, à midi, aux élèves ou apprentis dont la demeure est trop éloignée de l’école, ou dont les parents travaillent hors de la maison.

A l’origine les dépenses étaient couvertes par des fêtes organisées par le Comité régional tunisien de l’Alliance française et par des subventions de divers comités de la Métropole. Dans la suite, elles ont été assurées par un don annuel du Comité supérieur tunisien de l’Assistance Publique et par des subventions de la Direction Générale de 1 Instruction Publique.

Le nombre des portions distribuées pendant l’année 1920 s’est élevé à 116.685, dont 77.83s gratuites et 38.850 payantes. Le total des dépenses afférentes aux portions gratuites pour cette même année a été de 39.154 francs.

En novembre 1921, pour faciliter la marche de cette utile institution, il a été constitué une Société, dite « Œuvre des Cantines scolaires » autorisée par décret du 5 décembre 1921.

Le bureau de l’Œuvre comprend actuellement, sous la présidence du Directeur Général de l’Instruction Publique, une directrice d’école de Tunis, vice-présidente ; deux directeurs d’école de Tunis, un français, secrétaire et un indigène, secrétaire-adjoint ; l’Inspecteur délégué à la Direction Générale, trésorier ; le Chef du service de l’Enseignement professionnel, trésorier-adjoint ; le Chef du bureau de l’Enseignement primaire, commissaire comptable général.

Colonies scolaires de vacances

Cette œuvre est placée sous le patronage de la Ligue de l’Enseignement et subventionnée par la Direction Générale de l’Instruction Publique. Pendant 13 années consécutives, de 1908à 1921, environ 40 enfants des deux sexes ont été envoyés au grand air, soit en France, soit en Tunisie.

En 1920, 130 enfants, dont 65 étaient des orphelins de guerre, ont été envoyés en France, dans les environs de Tence, sur les hauts plateaux du Vivarais. Les 65 autres enfants appartenaient à des familles d’ouvriers, d’employés, de petits fonctionnaires, de petits commerçants. Ces enfants ont été désignés sur le conseil des médecins comme ayant besoin d’une cure d’air. 78 étaient de Tunis, 52 de l’intérieur. La participation des familles s’est élevée à 8.150 francs.

En 1921, les ressources financières de l’œuvre, grossies par l’augmentation de la subvention gouvernementale, portée de 8.000 à 12.000 francs, ont permis d’envoyer à Aïn-Draham, deux séries de 90 garçons et filles pour les colonies scolaires et de 40 jeunes gens pour un camp de vacances, soit au total 260 participants.

Les enfants des colonies étaient logés dans les internats; les jeunes gens du camp de vacances dans les locaux mis à la disposition du Comité par l’autorité militaire qui avait fourni également des moniteurs et des cuisiniers militaires pour les repas.

L’emploi du temps comportait des leçons d’éducation physique, des promenades en forêt, des jeux divers. Les jeunes gens du camp de vacances pratiquaient en outre le tir à la carabine et le foot-ball. Le succès a été complet et les résultats excellents pour la santé des enfants et des jeunes gens.

Caravanes scolaires

Sur l’initiative de la Fédération Tunisienne de la Ligue de l’Enseignement et avec le concours moral et financier de la Direction Générale de l’Instruction Publique et de la Direction Générale de l’Agriculture, une œuvre nouvelle a été instituée en 1921, à l’intention des éducateurs futurs de la jeunesse de France, normaliens et normaliennes, futurs instituteurs ou institutrices, étudiants et étudiantes, futurs professeurs. Cette œuvre se propose d’organiser chaque année, aux vacances de Pâques, des caravanes scolaires pour faire connaître la Tunisie à un certain nombre de ces jeunes gens, en leur montrant quelques-unes de nos villes, des monuments anciens, les industries locales, une oasis, une mine, une ferme française et en accompagnant ces visites de conférences, courtes et pratiques, faites par des maîtres compétents.

Dès 1921, le projet fut mis à exécution. Aux vacances de Pàques fut organisée une première caravane réservée aux élèves d’Ecole Normale. Cette caravane, conduite par le Directeur de l’Ecole Normale de la Seine se composait de 19 normaliens, 5 de Paris, 5 de Lyon, 5 de Grenoble et 4 d’Alsace-Lorraine (Strasbourg, Colmar, Obernai). Les jeunes gens furent hospitalisés à Tunis à l’Ecole Normale d’instituteurs. Ils séjournèrent en Tunisie du 25 mars au 2 avril. Le programme des visites et excursions comportait un voyage à Dougga et dans divers centres de colonisation, ainsi qu’à El-Djem, Sfax, Gabès. La partie archéologique des excursions était placée sous la direction du Directeur des Antiquités et Arts; la partie agricole sous celle d’un ingénieur agronome, chef de bureau à la Direction Générale de l’Agriculture. Le Directeur du Collège Alaoui, Secrétaire général de la Ligue, fut l’organisateur et le guide de la caravane.

Encouragée par l’incontestable succès qui a couronné sa tentative, la Fédération Tunisienne de la Ligue de l’Enseignement se propose de la renouveler aux vacances de Pâques 1922. Elle fera appel cette fois à des étudiants (lettres et sciences) de quelques-unes de nos grandes Universités de France : Paris, Strasbourg, Grenoble, Lyon, Toulouse, etc.

L’Exposition nationale coloniale de Marseille

La Direction Générale de l’Instruction Publique participera à cette manifestation par des travaux d’élèves, des travaux de maîtres et une documentation sur l’organisation générale de l’enseignement dans la Régence et les résultats obtenus depuis 1883.

120 établissements scolaires seront représentés par des devoirs et cahiers divers, des notices pédagogiques ou travaux manuels. On s’est attaché surtout à multiplier les travaux qui permettront de juger de l’effort fait par la Tunisie pour adapter l’enseignement aux besoins spéciaux des populations si diverses qui occupent le pays : enseignement du français aux indigènes et aux étrangers, enseignement de la langue arabe, préparation des maîtres dans les écoles normales, enseignement professionnel pour les deux sexes, apprentissage des garçons musulmans, écoles franco-arabes, écoles de tilles musulmanes, internats primaires, enseignement ménager. Des tableaux, graphiques, statistiques, photographies illustrent les notices rédigées sur ces différents sujets et de nombreux ouvrages manuels dans les différents genres, montreront la part réservée dans les programmes à l’enseignement ménager et professionnel.

La Direction a fait préparer des tableaux d’ensemble résumant les résultats obtenus : carte scolaire de la Tunisie, statistique générale de la population scolaire, effort financier de la Régence pour l’enseignement public les bibliothèques, les cours d’adultes, les œuvres postscolaires, les sociétés d’anciens élèves, les colonies de vacances, etc.

  • Prévisions et vœux

Il va y avoir un gros effort à faire pour répondre aux besoins scolaires. Déjà des créations de classes ou d’écoles ou des réouvertures ont été faites : en 1921, il a été créé ou réouvert 14 écoles à une classe et 30 classes nouvelles ont été installées ou réinstallées dans 29 écoles existantes soit au total 44 classes nouvelles. Un effort au moins aussi grand est prévu pour 1922.

Voici les tableaux des création et suppressions effectuées en 1921 :

  • Créations ou réouvertures d’écoles

PhotoN9-Rapport1921

  • Créations ou réouvertures de classes dans les écoles déjà existantes

PhotoN-10Rapport1921Total des classes créées ou réouvertes du 1er janvier au 31 décembre 1921 dans les écoles déjà existantes : 30 classes dans 29 écoles. Total général des classes créées ou réouvertes du 1er janvier au 31 décembre 1921 : 44 classes dans 43 écoles.

  1. — Suppression d’écoles

1er semestre 1921       Kef Chambi : 1 cl.
4ème trimestre 1921     Néant.

  1. — Suppression de classes

Au total : 1 école à une classe fermée et 2 autres classes supprimées au 31 décembre 1921. Les ressources à provenir de l’emprunt contracté par la Tunisie permettront seules d’intensifier l’effort indispensable en vue de doter le pays des bâtiments scolaires qui lui sont le plus nécessaires. Nous donnons ci-dessous le programme de constructions qui a été adopté, pour être réalisé sur la première tranche de l’emprunt et qui se monte à un total de 5.100.000 francs.

Cette dépense est loin de représenter l’ensemble des travaux de première urgence dont l’accomplissement s’impose pour donner satisfaction aux besoins du moment en agrandissements et constructions nouvelles. Une seconde somme de 8.000.000 est à prévoir à cet effet pour les bâtiments dont voici la liste :

TUNIS :
Ecole Normale d’institutrices au quartier Montfleury.
Lycée Carnot. Agrandissement.
Ecole Emile-Loubet. Agrandissement.
Ecole primaire supérieure de jeunes filles (terrain et construction).
Internats primaires.
Ecole de garçons, route de la Goulette (huit classes).
Ecole quartier Franceville (deux classes et terrain).
Ecole quartier Mutuelle-ville (une classe et terrain).
Groupe scolaire, rue Claude Bernard (agrandissement 4e classe et clôture).

BATHAN. — Près Tébourba. Ecole à une classe.
BÉJA. — Ecole franco-arabe (agrandissement).
BIZERTE. — Ecole de filles, quartier de la Gare (six classes.
CEDOUIKECH. — (Djerba) : Ecole à deux classes.
CHEBAOU. — Agrandissement (2e classe),
DJERBA. — (Houmt-Souk). Groupe scolaire : sept classes et trois ateliers.
EL GUETTAR. – Près Gafsa. Ecole à deux classes.
GROMBALIA. – Agrandissement de l’école de filles (2e classe).
HAMMA DES BENI-ZID. — Ecole à trois classes.
KASSERINE. — (Contrôle de Thala): Ecole à une classe.
KHALLED. — (Contrôle de Téboursouk) : Ecole à une classe.
MAARETH. — (Contrôle de Gabès) : Ecole à deux classes.
MÉDENINE. — Agrandissement de l’école.
NIANOU. — (Contrôle de Grombalia) : Ecole à une classe.
OUDIAN. — (Deggache) : Ecole à deux classes.
RAF-RAF. — (Contrôle de Bizerte) : École à deux classes.
REVOIL. — (Sidi-Tabet) : Ecole à une classe.
SAKIET-EZZID. — (Contrôle de Sfax) : Ecoles, à deux classes.
SAINT-GERMAIN. — (Jardin Liliane) : Ecoles à deux classes.
SERS GARE. — (Contrôle du Kef) : Ecole à une classe.
SIDI-BOU-ALI. — (Contrôle de Sousse) : Ecole à deux c lasses.
SOLIMAN. — Ecole de filles musulmanes : deux classes et un atelier.
SOUSSE. — Ecole de filles musulmanes : huit classes.
TEBOURBA. – Ecole franco-arabe : trois classes.
ZERAMDINE. – (Contrôle de Sousse) :
Ecole à deux classes.

Aux dépenses de constructions s’ajoutent chaque année celles qui sont rendues nécessaires par l’accroissement du personnel. D’autres encore s’imposeront si l’on veut développer l’enseignement postscolaire qui rend de si grands services dans ce pays et qui a eu le succès que nous avons signalé; si l’on veut notamment mettre l’enseignement du français à la portée des indigènes adultes qui n’ont pu bénéficier de l’école française et orienter nos protégés vers les connaissances pratiques et professionnelles qui leur permettront de gagner plus facilement leur vie et de contribuer à l’enrichissement économique de la Régence. Les Cours d’adultes d’enseignement du français et ceux d’enseignement technique répondent à ce double objet. Leur développement est une des principales préoccupations de l’Administration de l’Instruction publique. Et si toutes les dépenses entraînées par l’organisation et le progrès de l’œuvre d’enseignement dans ce pays ne sont pas compensées par des bénéfices matériels immédiats, ce n’en sont pas moins des dépenses fécondes : car ce sont celles qui secondent le plus efficacement et le plus sûrement l’action civilisatrice de la France en Tunisie.

Voir le rapport au Président de la République sur la situation de la Tunisie en 1921 (PDF)

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