L’ESPRIT LIBÉRAL DU CORAN: Influence de la France sur l’Orient

  • 17 novembre 2020
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Mohammed Ali Egypte
17 Nov

De tout temps, les pays Musulmans ont attiré l’attention de l’Europe. L’Orient, décrit par les poètes, les peintres et les littérateurs, se présentait aux peuples de l’Occident comme le pays des contes merveilleux des mille et une nuits, aux couleurs resplendissantes, au ciel radieux, aux mœurs énigmatiques et le Musulman, l’Arabe, comme on dit vulgairement, était pour les peuples européens un colifichet intéressant.

Cependant, les intérêts des européens sont énormes auprès des Musulmans. Cependant, les puissances européennes ont sous leur domination une très grande partie des pays Musulmans. Cependant enfin, le Musulman est autre chose qu’un sujet d’étude intéressant, puisqu’il est homme et qu’il souffre.

La civilisation des pays Musulmans, cela est malheureusement plus qu’une vérité, c’est un axiome, est de beaucoup arriérée. Toutefois, il importe dès maintenant d’établir une distinction entre l’avancement et l’état de la civilisation dans les différents pays musulmans.

D’un côté, l’Égypte est entrée résolument dans la voie du progrès et de l’avancement intellectuel et constitue un état de civilisation presque européenne, d’un autre côté, la généralité des peuples Musulmans est malheureusement très arriérée et leur civilisation confine presque aux temps préhistoriques, sur lesquels il n’y a guère qu’un progrès — si tant est que cela en soit un, — celui des armes à tir rapide.

Pourquoi cette différence dans cet état des civilisations ? C’est ce que nous allons voir.

Après la campagne de Bonaparte en Égypte, l’Orient commença à être connu ; l’Égypte ancienne fut étudiée, des voyageurs et des savants parcoururent le pays en tous sens. Ce contact continu de savants et de voyageurs, auxquels l’Égypte venait en quelque sorte d’être révélée, contribua à relever le niveau intellectuel des Égyptiens.

De plus lorsque Mehemet Ali (Mohammed Ali) organisa sa campagne contre la Turquie, il trouva pour le seconder, des officiers et des savants français, encore imbus des grands principes de la Révolution Française, qui lui administrèrent son pays et lui organisèrent son armée.

Il s’enquit auprès de ses compagnons des causes de l’avancement de la civilisation européenne en général, et leur demanda, par quel prodige le général Bonaparte avait pu conquérir l’Égypte avec une poignée d’hommes pour ainsi dire. Savants et officiers, qui s’étaient donnés à sa cause avec un dévouement absolu, ne lui cachèrent rien de ce qu’ils savaient, et ainsi Mehemet Ali put se rendre compte que si les sciences pouvaient faire avancer la civilisation, ces sciences ne pouvaient être acquises que par un esprit dépourvu de tous préjugés et de toutes superstitions. Mehemet Ali imposa, dès cette époque, le commentaire du Coran dans son sens le plus libéral, tel qu’il était compris par le Prophète et ses Compagnons, et il trouva pour l’aider une pléiade de jurisconsultes et de savants, qui le secondèrent admirablement dans son œuvre.

Cette interprétation libérale du Coran produisit, dès la première moitié du XIXe siècle, des effets remarquables : l’Égypte devint un pays d’une civilisation avancée, un pays riche et florissant. Les Égyptiens connurent la prospérité, le bonheur et la comparaison de leur situation antérieure, avec celle qu’ils avaient pu obtenir, les incita à persévérer dans cette voie. Ce n’est pas à tort que les Égyptiens disent aujourd’hui, non sans orgueil, qu’ils sont les Japonais de l’Occident.

Cette école d’interprétation libérale du Coran n’a jamais cessé d’avoir des adeptes et des représentants illustres, dont le nom fait autorité dans le monde Musulman et les Égyptiens n’ont jamais oublié quelle dette de reconnaissance ils ont contracté envers la France, qui les a mis sur la voie du progrès et de la civilisation. En revanche, dans les autres pays musulmans, la civilisation est malheureusement en retard pour les causes que nous allons étudier.

Dès la mort du Prophète sous la domination des premiers Khalifes et pendant les premiers siècles de l’Islam le Coran fut interprété de la façon la plus libérale.

Le résultat évident et palpable de cette interprétation fut le progrès énorme, que fit la nouvelle religion dès sa naissance, en réunissant une innombrable quantité d’adhérents les esprits étaient frappés, émerveillés par cette religion, qui admettait les autres religions, imposait le respect de toutes les opinions, interdisait les discussions oiseuses de religion à religion, de secte à secte, de race à race, par cette religion, qui non seulement permettait les mariages mixtes, mais imposait le respect et le libre exercice du culte de l’épouse non Musulmane, qui défendait toute contrainte et toute violence au point de vue religieux.

Aussi sans missionnaires, sans propagandes, par l’exemple seul d’une vie vertueuse, que donnaient les premiers Musulmans, par le libre accès de leurs mosquées, où les non Musulmans venaient écouter leurs prières et leurs prêches, assister si bon leur semblait, à leurs cérémonies et prendre part à leurs discussions religieuses, le nombre des premiers adeptes fut-il, du vivant même du Prophète, écrasant d’importance. Comment ne pas aimer cette nouvelle religion qui disait :

« Dieu ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui n’ont point combattu contre vous à cause de votre religion, et qui ne vous ont point chassé de vos foyers. Vous devez, dans vos relations avec eux, agir avec équité, parce que Dieu aime les gens justes et équitables. » Coran, chapitre LX, verset 8.

Pourtant, cette conception religieuse, si belle et si pure, eut, dès les premiers temps de l’Islam, à subir des modifications, et cette interprétation libérale du Coran changea en sens inverse. Nous allons rapidement étudier l’histoire et les causes de ces modifications successives.

1ère partie du livre: “L’ESPRIT LIBÉRAL DU CORAN”:

  • Écrit en 1904 par : ABDELAZIZ ETTÉALBI: LEADER POLITIQUE ET RELIGIEUX TUNISIEN
  • Traduit de l’arabe par: EL HADI SEBAÎ: EX SECRÉTAIRE AU GOUVERNEMENT TUNISIEN – EX INTERPRÈTE AU TRIBUNAL DE LA DRIBA
  • Publié à Paris en 1905 (Éditeur, Ernest LEROUX – 28, Rue Bonaparte) avec l’appui de: CÉSAR BEN ATTAR: AVOCAT DE ETTÉALBI, CORRESPONDANT DU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE

2ère partie du livre … Statut de la femme

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