La présence des Musulmans en Suisse

  • 31 décembre 2018
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La présence des Musulmans en Suisse
31 Déc

La présence des premiers musulmans en Suisse remonte au VIIIème siècle. Dès 711, et en l’espace de deux ans, les Arabes musulmans qu’on appelait alors ” les Sarrasins ” avaient conquis les principales villes d’Espagne et s’avançaient à une vitesse vertigineuse le long des côtes méditerranéennes; ils ont poursuivi leur expansion au-delà des Pyrénées et ont pénétré dans la partie orientale de la Gaule. En 732, les Francs ont réussi à vaincre les musulmans à la fameuse bataille de Poitiers, remporté par Charles Martin. Cette bataille décisive marqua l’arrêt de l’expansion musulmane vers l’ouest de l’Europe.

Malgré cette défaite, les Arabes poursuivaient leurs raids jusqu’à la vallée du Rhône. En 831, Palerme tomba entre leurs mains suivie par les principales villes de la Sicile. Ils ont traversé les Alpes et ont pénétré dans les territoires qui forment actuellement le canton du Valais et le sud des Alpes suisses.

Un des premiers chercheurs suisses qui se sont intéressés à la présence musulmane en Suisse, le pasteur Jean Claude Basset, a constaté que ”la présence sarrasine n’est pas attestée en Valais”.

En effet, on n’y trouve pas de traces architecturales comme ce fut le cas en Andalousie et en Sicile”[Jean Claude Basset Musulmans en Romandie, 1982, in Repères, p.43].

Certains historiens rapportent que: ”ce n’est que vers la fin du Xème siècle que tombèrent les derniers points d’appui que les Sarrasins occupaient encore en Valais”. Pourtant quelques localités suisses ont gardé des noms à connotation arabe tels Pontresins (le pont des Sarrasins) ou Zinal (les dents) ou Ayent (la source d’eau). Un deuxième chercheur suisse, l’économiste et écrivain, Olsommer, a trouvé des traces plutôt ”anthropologiques” de la présence sarrasine en Valais, qu’il a mises en évidence, dans un ouvrage portant le titre provocateur de Nos ancêtres les Sarrasins[Olsommer Nos ancêtres les Sarrasins, Vevey, 1981].

Cette reconnaissance tardive ne va pas de pair avec la littérature médiévale et les écrits diffamatoires anti-islamiques publiés par les érudits catholiques et protestants chargés d’éduquer les fidèles et de dénigrer l’ennemi, entendre, les musulmans ou les ”Infidèles”.

En dépit de la brillante civilisation créé par les Arabes en Andalousie grâce à la floraison du commerce, de l’agriculture et des sciences, les Européens du Moyen Age considéraient les ”Sarrasins” comme les membres d’une secte hérétique. Ils ne voyaient en l’islam et en son fondateur Mahomet (Mouhammad) que des signes précurseurs de la fin du monde. Toujours est-il que les musulmans dominaient la Méditerranée orientale durant plus de sept siècles (VIIIe-XVe siècles), et développaient d’importants échanges commerciaux entre les pays de l’Orient et ceux de l’Occident, ce qui donna un essor économique considérable aux villes situées sur l’axe commercial sud-nord dont Venise, Lyon et Genève…

En vérité, les Européens, et en l’occurrence les Suisses, ignoraient en quoi consistait l’islam et personne jusqu’au milieu du XVIe siècle n’a osé traduire le Livre saint des musulmans ”le Coran”. Le grand réformateur allemand, Martin Luther, exprimait ainsi son étonnement à cet égard [Introduction à la traduction allemande de la Confutatio de Ricoldo de Monte Croce, 1542].

En effet, ce n’est qu’en 1543 que parut à Bâle la première édition latine intégrale du Coran, qu’on a coutume d’appeler ”Le Recueil de Bibliander”. De nos jours les traductions du Coran comptent par milliers et dans presque toutes les langues européennes, mais les Occidentaux ont gardé jusqu’à nos jours une certaine frayeur psychologique é l’encontre de l’islam et les musulmans; au Moyen Age on parlait du ”péril sarrasin” et de nos jours on continue à parler du ”péril vert” voire du ”péril islamiste”…

Quant à la présence des musulmans dans la Suisse contemporaine, elle se fit sentir dès la fin du siècle dernier à travers les récits des voyageurs, les traductions des Milles et une nuits et l’œuvre des orientalistes suisses dont le plus illustre fut Max Van Berchem. La Suisse a acceuilli des commerçants, des hommes d’affaires, des étudiants ou des demandeurs d’asile en provenance de pays musulmans.

Traditionnellement ouverte sur le monde, la Suisse a toujours offert aux étrangers et aux réfugiés de différentes origines une terre d’accueil, une saine compréhension de leurs différences ainsi qu’une existence pacifique. Actuellement, les étrangers résidant dans le pays représentent plus de 21% de sa population. Le nombre de réfugiés et de demandeurs d’asile a considérablement augmenté durant les deux dernières décennies, surtout ceux provenant de l’ex-Yougoslavie, ce qui amena le gouvernement en 1998 à modifier la loi suisse sur l’asile de 1979, article 3, afin de courber le flux des réfugiés, en particulier les Kosovars, à majorité musulmane…

Dans les années 60, lorsque la Suisse a commencé à élargir son réservoir de main d’œuvre étrangère pour remplacer les ouvriers étrangers européens, Italiens, Français, Espagnols et Portugais, devenus plus chers à l’embauche en réclamant de meilleures conditions de travail. La Suisse s’est alors tourné vers la Turquie, le sud de la Yougoslavie et l’Albanais pour recruter des ouvriers moins qualifiés et moins payés. Cet afflux de travailleurs turcs et yougoslaves commençaient à se faire sentir dès le début des années 70. Au début, ces travailleurs étrangers étaient de sexe masculin venus seuls pour travailler d’une manière provisoire sans prétention de séjour durable, ni de prestations sociales et ce conformément à la loi suisse sur le séjour des ouvriers étrangers de cette époque. Ces derniers venus sur le marché de l’emploi suisse étaient surtout employés dans le secteur du bâtiment, dans les restaurants et les hôtels; vivant sous le sceau du provisoire, ils n’accordaient pas trop d’importance à la pratique de la religion musulmane ni à leur adaptation aux valeurs suisses.

Quelques années plus tard, la loi suisse sur les étrangers a été modifiée sous l’angle de la protection internationale des droits de l’homme. Ayant adhéré à la Convention européenne des droits de l’homme, le Conseil fédéral (gouvernement suisse) a dû modifier sa politique à l’égard des étrangers déjà résidant dans le pays, afin que leur statut soit régularisé. Ainsi à la fin des années 1970, la Suisse a permis la réunification des travailleurs étrangers avec leurs familles, tout particulièrement avec les épouses et les enfants âgés de moins de 18 ans. L’arrivée des femmes et des enfants a changé l’aspect de la présence musulmane dans le pays; celle-ci se transforma d’un séjour provisoire en un séjour durable.

La condition des Musulmans en Suisse, Fawzia Al-Ashmawi

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