Le théâtre de Dougga en Tunisie

  • 12 janvier 2019
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Théâtre de Dougga en Tunisie
12 Jan

“Une photographie du théâtre de Dougga par M. Geneuil, que m’a envoyée M. Antonin Sériot, mon neveu, colon à Aïn-Guettas, près Téboursoult, en Tunisie, m’a paru si remarquable que j’en ai fait faire un cliché par M. lleymond. Je le publie, me trouvant peu compétent, sans autres explications que de courtes notes envoyées par M. Sériot. Le dessin est si clair et si facile à comprendre qu’une longue description y ajouterait peu.

C’est un des beaux monuments élevés par les Romains et qui prouvent la prospérité de l’Afrique sous leur domination. Il faudra peut-être près d’un siècle pour que la France y fasse revenir la fertilité et la richesse”. Comte A. DE DION, Président de la Société Archéologique de Rambouillet.

Parmi les innombrables ruines romaines, qui couvrent le sol de la Tunisie, celles de la ville de Dougga (Thugga) sont certainement les plus remarquables et des mieux conservées. Admirablement placée sur le penchant d’une colline, dominant une des contrées les plus fertiles de la Byzacén (Tunisie), l’antique cité de Thugga, déjà importante avant l’occupation romaine, comme en témoignent encore les restes d’un monument important où se trouvait une inscription punique, devint surtout vers le me jusqu’à la fin du ive siècle après Jésus Christ, la ville la plus riche de la Byzacén, comme en témoignent les ruines des somptueux édifices, qui tous étaient des dons, faits par la générosité des citoyens de Thugga. Cette prospérité vient de sa position au milieu d’un pays particulièrement favorisé, où les sources, jaillissant de toute part, venaient féconder les oliviers et figuiers, sous lesquels les céréales poussaient, abritées du violent soleil d’Afrique, donnant ainsi une récolte abondante, qui faisait de la Tunisie d’alors le grenier de Rome.

La gravure, ci-jointe, nous montre les restes du temple de Dougga, découvert par M. le Dr Cartier et dont il a opéré le déblayage avec succès. Creusé, comme la plupart des théâtres antiques, dans le flanc d’une colline dominant la plaine, on a retrouvé presque intactes les vingt-cinq rangées de gradins, avec les escaliers qui les séparent. On peut voir aussi les restes d’un portique sculpté, orné d’inscriptions qui s’élevaient au-dessus du dernier gradin. Trois portes principales donnaient accès dans le théâtre, ainsi que quatre secondaires et deux entre la scène et les gradins.

La scène était ornée de colonnes de différentes grandeurs avec chapiteaux corinthiens, et sur la frise le spectateur pouvait- lire cette inscription : L. Marius Quadratus, pour célébrer son élévation de flamen perpetuns et pour remercier ses concitoyens, avait construit à ses frais ce théâtre. Au-delà de la scène se trouvaient des galeries latérales couvertes d’où on pouvait jouir d’une vue magnifique sur tout le pays. Dans les fouilles faites par M. le Dr Cartier, on retrouva des morceaux de statues pouvant mesurer 2 mètres devant orner ces galeries.

Non loin de ce théâtre, se trouve un temple dédié à Jupiter Oplimus Maximus, à Junon et à Miaerve, en l’honneur des empereurs Marc-Aurèle et L. Verus, an 166 après Jésus-Christ, par les frères Simplex. On peut voir quatre colonnes de face, cannelées, de 8 mètres de haut, surmontées de chapiteaux corinthiens ; le fronton est orné de l’inscription dédicatoire et d’un bas-relief où se voit assez distinctement un empereur s’élevant vers le ciel sur les ailes d’un aigle. Derrière cette façade, deux colonnes monolithes carrées surmontées d’une colonne transversale subsistent encore. Au fond, se trouve le mur du temple orné de trois niches. Enfin un très bel escalier de marbre y donne accès.

On peut voir également les ruines d’autres monuments aussi somptueux, tels que le temple de Junon Cœlestis, le temple de Saturne, les thermes, l’hippodrome, témoignages éclatants de ce que fut autrefois l’opulente ville de Thugga.

Antonin Sériot – 1902

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