Les juifs sous la domination Romaine, Vandale et Grec

  • 22 décembre 2018
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Les juifs sous la domination Romaine, Vandale et Grec
22 Déc

Les questions ethniques préoccupent depuis quelque temps, et à juste titre, les savants, les historiens et les politiciens. Les origines des habitants de l’Afrique du Nord — Arabes et Berbères — ont été l’objet d’études très consciencieuses et ont abouti à des résultats qu’on peut considérer comme définitifs. Un troisième groupe ethnique, qui occupe ce même pays depuis la plus haute antiquité, et qui y a joué un rôle très important, te groupe israélite, n’a pas été jusqu’ici étudié à ce point de vue. On parle vaguement de l’ancienne communauté de Kaïrouan, du rôle qu’ont joué les Juifs dans le pays lors de l’invasion musulmane, des tribus d’origine juive habitant le Sahara marocain et algérien, mais personne n’a étudié jusqu’à ce jour d’une façon critique cl historique la question du premier établissement des Juifs de ce côté du bassin méditerranéen, et les vicissitudes à travers lesquelles ils ont passé pour parvenir à l’étal où ils sont aujourd’hui[1].

Notre but n’est pas actuellement d’embrasser une étude aussi vaste, notre ambition n’est pas davantage de tracer un historique complet des Juifs delà Tunisie. Nousnous proposons uniquement de demander aux auteurs anciens la solution de quel■que» problèmes relatifs aux Israélites de l’ancienne province d’Afrique, et de rechercher dans les auteurs de l’époque la trace des événements qui se sont déroulés dans ce pays, et qui ont laissé des vestiges chez les Israélites qui habitent actuellement la Tunisie.

Quel est le début de rétablissement des Israélites en Tunisie ? A quelle époque et à la suite de quelles circonstances sont-ils venus se fixer dans la Régence ? Quand et par qui leurs institutions ont-elles été fondées et ont-elles reçu leur sanction ? Il est difficile de répondre à cette question d’une façon catégorique et péremptoire. Les Juifs tunisiens n’ont conservé à ce sujet aucun document authentique, aucun acte ayant une valeur historique. Les historiens juifs qui, au moyen âge, ont quelquefois fait mention des Israélites de Tunisie, ne se sont préoccupés que du sujet qui les absorbait, et n’ont mentionné qu’en passant un groupe de coreligionnaires dont l’importance ne leur était cependant pas inconnue. L’itinéraire de Benjamin de Tudèle, cette source précieuse de documents statistiques des communautés juives du moyen âge, ne fait pas mention de la Tunisie, quoi qu’en aient dit cl Constantin l’Empereur de Châteaubriand, qui a répété et divulgué l’erreur du traducteur latin.

On en est donc réduit, sinon aux Conjectures du moins aux probabilités ; et faute de sources autorisées y on est encore heureux de trouver, au milieu d’un amas de productions de plus d’un genre et datant de diverses époques, quelques indices pouvant servir de guide aux curieux.

M. Abr. Cahen, ancien grand-rabbin d’Alger, a publié une petite brochure où il consacre quelques pages à l’histoire des Juifs d’Algérie avant la conquête française.

Les juifs avant le domination Romaine

Il ne nous est parvenu aucun document authentique mentionnant l’existence des Juifs dans les anciens Emporia Sidoniens[1] ni dans la Carthage punique. Certains écrivains constatent leur présence à Utique, à Hippo-Zaritus et à Carthage. D’autres vont jusqu’à leur assigner un quartier spécial dans celle dernière ville. Quoiqu’il en soit de ces affirmations, il est certain que les tribus juives du nord-ouest de la Palestine, les Zabulonites principalement, se sont de tout temps associés aux excursions de leurs voisins les Sidoniens ; le Pentateuque en fait mention à plusieurs reprises[2]. Il n’est donc pas impossible, on peut môme dire qu’il est probable, que des Israélites aient été mêlés aux Sidoniens lorsque ceux-ci firent leur première apparition sur la côte africaine, et qu’ils fondèrent Utique, Cambé, etc…

Plus tard, lorsque la gloire de Tyr effaça celle de sa voisine Sidon, les Israélites étaient les alliés des Tyriens. La Bible nous a conservé le souvenir des alliances entre Juifs et Tyriens, entre Salomon et Hiram, des voyages entrepris de concertées richesses apportées à Jérusalem et à Tyr des bords de la Méditerranée. Les historiens les plus autorisés placent la fondation de Carthage en l’année 925 à 950, c’est-à-dire quelques années après le règne brillant de Salomon et de Hiram. Nul doute donc que des Juifs ne se soient établis avec leurs voisins les Phéniciens sur la côte d’Afrique et n’aient pris une part active à la prospérité de la nouvelle ville. Le prophète Isaïe, qui ne s’occupe que des peuples avec lesquels Israël était en relations, parle de Tyr et de Sidon et de leurs établissements d’outre-mer, d’où l’on peut déduire que les Juifs fréquentaient les parages africains et y étaient peut-être établis.

Parallèlement, avec ces migrations maritimes par le nord, nous avons à en constater d’autres par terre, par l’ouest et le sud. Ibn Khaldoun, dans son histoire des Berbères, et d’autres historiens après lui, ont constaté que la population berbère est composée de trois races, correspondantes à trois émigrations qui, venues de l’Asie, se sont répandues sur les territoires de l’Afrique du nord, depuis la mer Erythrée jusqu’à l’Atlantique. Ces trois races sont désignées par les historiens sous le nom de races Chauaanéenne, Couschile et Egyptienne.

On sait qu’à plusieurs reprises, les Egyptiens avaient envahi en conquérants le pays du nord de l’Afrique. La dernière de ces invasions remonte à l’année 742; le Pharaon Tahraka (celui cui dans la Bible est désigné sous le nom de Pharaon Nechao) traversa à cette époque l’Afrique du nord et y laissa des tracas nombreuses de son passage. Tissot signale dans ces parages divers monuments pharaoniques et certains noms géographiques qui s’étaient encore conservés du temps des Romains, et qui prouvent, non seulement le passage du Pharaon, mais encore un établissement permanent dans le pays d’une partie des peuples venus à sa suite.

Or, on sait que vers cette époque, le Pharaon Nechao (le Tahraka des historiens arabes) avait fait une campagne en Palestine, et emmené un grand nombre de Juifs en Egypte. On sait aussi que lors de la captivité de Babylone, plusieurs Israélites allèrent chercher en Egypte, un refuge, contre le despotisme des Babyloniens, il n’y a donc rien d’étonnant qu’un certain nombre de Juifs soient allés, en même temps que les armées égyptiennes, parcourir le nord de l’Afrique, et qu’un grand nombre d’entre eux, trouvant là un pays relativement libre, où se parlait une langue pareille à la leur, et ayant d’ailleurs de la répugnance à demeurer en Egypte, s’y soient établis. Ibn Khaldoun, en effet, qui divise les Berbères en trois races, les Loua (Loudim, Lybiens), les Schanga (Gétules) et les Zénètes ou Iznaten, affirme que ces derniers étaient d’origine juive, issus d’une tribu juive venue à la suite de l’émigration égyptienne. La race Zénète s’est étendue tout le long du nord de l’Afrique, depuis le lac Triton jusqu’à l’Atlantique, et soutint avec les autres races des guerres dont l’unique cause était l’hétérogénéité d’origine et de croyance[3].

Ces Juifs venus du sud-est, trouvant dans le nord une population dont l’origine et la langue s’approchaient considérablement des leurs, ne tardèrent pas à établir avec elle des relations suivies, à se fixer dans les villes et à prendre leur part dans le commerce que la province phénicienne exerçait avec toutes les contrées du bassin méditerranéen[4].

On peut donc affirmer que la Carthage punique et les autres établissements phéniciens de l’Afrique comptaient des Juifs parmi leur population. Le silence des historiens grecs et romains de l’époque n’est pas une preuve suffisante pour en nier l’existence. En effet, tout ce que nous connaissons de l’Afrique phénicienne nous vient des Grecs, qui en parient par ouï-dire, et surtout des Romains. Or, ces derniers pouvaient ignorer l’existence à Carthage des Juifs, qui parlaient la même langue que le reste des habitants et qui se confondaient avec eux. D’ailleurs le mépris des Romains pour les Juifs est notoire, et tous leurs écrivains, Tacite en tête, en parlent dans des termes qui ne permettent pas de se tromper sur le sentiment qu’ils leur inspiraient.

D’un autre côté, l’absence totale de statues et presque d’inscriptions lapidaires dans les synagogues juives est cause que leur trace à Carthage n’a pas été, jusqu’ici, révélée à l’archéologie.

Les Juifs sous la domination Romaine

Lors du second temple, nous trouvons, les Juifs répandus dans tout le nord de l’Afrique. Les Israélites, qui s’étaient de bonne heure établis en Égypte, se fixèrent également en Cyrénaïque et dans la province d’Afrique. Ils occupaient à Carthage une position brillante et leur nombre est venu s’agrandir par des recrues provenant de Rome. Les Juifs, qui depuis longtemps s’étaient établis à Rome, suivaient les convois nombreux qui mettaient en communication la Capitale du monde avec son nouveau grenier, récemment acquis.

Depuis la conquête de l’Afrique par les Romains, nous voyous, en effet, les Juifs établis et groupés autour des synagogues (qu’on désignait également sous le nom d’amphithéâtres) tout le long de l’Afrique du nord, depuis la Pentapole jusqu’aux contins du Maroc[1]. L’historien Josèphe nous a conservé une ordonnance de l’empereur Auguste, adossée à Flavius, gouverneur de la Libye, et parlant des Juifs qui demeurent en cette province. Il est facile de conclure, par les termes mêmes de l’ordonnance, qu’ils étaient établis dans un grand nombre de villes, où ils étaient entièrement organisés, ayant leurs synagogues et leurs institutions, ce qui dénote un établissement déjà ancien[2].

On connaît également une inscription grecque, gravée sur marbre blanc, trouvée à Tripoli de Berbérie, d’après laquelle les Israélites de Bérénice (Benghazi moderne), réunis en assemblée à la synagogue, pendant la fête dès Tabernacles, voient des remerciements au gouverneur de la province, Marcus Zitius, Ce document est de plus de cent ans antérieurs à la destruction du second temple[3].

Nous connaissons enfin divers rescrits des empereurs romains relatifs aux Juifs, entre autres celui d’ Agrippa en faveur des Israélites de la Cyrénaïque, daté de l’an 14 avant J.-C. (c’est-à-dire antérieur de quatre-vingt-quatre ans à la destruction du Temple) et bien d’autres du même genre en faveur des Juifs de la province d’Afrique et de Sétif. Un certain nombre de ces documents ont été conservés et reproduits par l’historien Josèphe[4].

Les fouilles entreprises depuis quelques années par les troupes françaises, dans divers points de la Tunisie, devaient nous fournir de nouvelles preuves de l’existence des Juifs dans ce pays depuis une haute antiquité. Le capitaine de Prudhomme, faisant faire quelques travaux de terrassement, a découvert, au mois de février 1883, à Hammam-El-Enf, l’ancienne Ad Aquas, à deux pas de Carthage, un monument composé de trois parties, un portique, une salle et une espèce d’alcôve ou de placard, le tout dallé en mosaïque bien conservée. Une inscription était tracée dans chaque mosaïque. Il est permis d’affirmer, par l’interprétation de ces inscriptions, que le monument ainsi découvert était une synagogue, et que l’espèce de placard qu’on y remarquait au fond représentait l’emplacement réservé aux rouleaux de la loi. L’inscription spéciale trouvée dans celte partie de l’édifice le prouve suffisamment, ainsi que les dessins qui les accompagnent toutes les trois[5].

Tous ces documents prouvent surabondamment qu’à l’époque de l’apparition du christianisme, les Juifs se trouvaient, depuis longtemps, établis dans le pays, ayant leurs chefs, leurs synagogues, célébrant leur culte en commun et formant des rassemblées autorisées et reconnues, ayant leurs administrations propres et leur part d’influence dans les affaires de la cité.

La prise de Jérusalem par Titus et la dispersion forcée des Juifs de Palestine vinrent augmenter d’une manière considérable le nombre des Israélites de la province d’Afrique. Les Romains en effet, suivant en cela l’exemple des Égyptiens, des Assyriens, etc., avaient pour habitude de transporter les habitants d’un pays conquis dans un autre. Lorsqu’ils curent détruit Carthage (l’an 146 avant J.-C.) et que, regrettant l’ancienne splendeur de la capitale de l’Afrique, ils voulurent plus tard la repeupler, ils y amenèrent une grande affluence de populations d’Asie et même d’Europe. A la prise de Jérusalem, un grand nombre de Juifs furent dirigés sur Carthage, et l’Historien Josèphe nous parle de douze bâtiments chargés de juifs que les Romains transportèrent de Palestine vers la Provence d’Afrique.

Ces captifs ne furent pas bien malheureux ; ils trouvaient en Afrique des coreligionnaires qui les rachetaient, les secouraient et se les incorporaient. Aussi les communautés juives d’Afrique devinrent-elles bientôt prospères et les Israélites étaient, au deuxième siècle de l’ère vulgaire, les égaux des plus nobles habitants du pays. Un historien de l’époque nous raconte que le jeune Caracalla, fils de Septime Sévère, jouait avec un enfant juif. A un moment le jeune juif lança une pierre à Caracalla, et le gouverneur de ce dernier voulant châtier l’enfant, Caracalla ce mit à pleurer, disant qu’il ne voulait pas qu’on punit son compagnon de jeu. Cela n’empêcha pas ce jeune homme de demander, avec son père, au Sénat romain, quelques années plus tard, un triomphe judaïque, pour avoir apaisé une révolte qui avait éclaté en Palestine[6].

Cette petite anecdote montre suffisamment que les Juifs, à la lin du IIe siècle de l’ère chrétienne, occupaient à Carthage une position brillante, et étaient considérés comme les égaux: des membres des plus nobles familles. Leur activité religieuse pour faire des prosélytes était grande, et l’acharnement, qu’ils y mettaient, ainsi que leurs coreligionnaires de Rome, était si grand, qu’à plusieurs reprises les gouverneurs durent intervenir pour arrêter le mouvement[7].

Lorsque les premiers chrétiens firent leur apparition à Carthage, le gouvernement les confondait facilement avec les Juifs, Ceux-ci, s’en apercevant, tinrent à marquer la distinction entre les deux confessions, et si l’on en croit les Pères de l’Église, dont le témoignage est fort suspect en la matière, « les Juifs étaient les plus ardents parmi ceux qui faisaient des démonstrations contre les chrétiens »[8]. On les a accusés d’être en partie la cause du martyre de saint Cyprien et de sainte Perpétue, exécutés, comme on sait, à Carthage.

Quoi qu’il en soit de celle assertion, qui n’a d’ailleurs jamais été prouvée, elle fournit un témoignage éclatant de la situation prépondérante qu’occupaient les Juifs, non seulement à Carthage, mais dans toute la province romaine d’Afrique. Mais la situation prépondérante qu’ils occupaient en Afrique ne leur faisait pas oublier leurs frères malheureux de Palestine et de Babylone ; ils leur envoyaient régulièrement des secours et môme les plus courageux et les plus zélés allaient de temps en temps leur faire visite.

Quelques-uns même paraissent s’être adonnés à l’étude des Écritures Saintes et le Talmud fait souvent mention des rabbins île Carthage. Nous trouvons à diverses reprises la mention de … à côté du nom d’un rabbin[9] et les auteurs du Talmud paraissent connaître, non seulement les Israélites et les antres habitants des grandes villes d’Afrique, mais mémo les habitants des campagnes, leur vie et leurs mœurs[10].

Mais à mesure que la communauté chrétienne se développait en Afrique, l’influence des Juifs diminuait. Aussitôt que les chrétiens devinrent influents dans l’empire romain, les persécutions contre les Juifs commencèrent, et les derniers des Pères de l’Église se sont souvent acharnés contre eux.

Les divers conciles tenus à Carthage ont eu souvent à s’occuper des Juifs, et pendant qu’au début on s’efforçait seulement d’en détacher les chrétiens, en leur défendant d’aller aux synagogues, on prit plus tard l’initiative de mesures vexatoires, que le gouvernement romain s’empressait de sanctionner et d’appliquer. Aussi nous ne trouvons à chaque instant que des rescrits, supprimant telle et telle franchise dont jouissaient les Juifs d’Afrique, leur imposant des amendes collectives, etc., rarement leur octroyant quelque bienfait, pour lequel les Israélites s’empressaient, d’ailleurs, de ‘donner des témoignages de gratitude,

Un érudit allemand, Marcus Fischer, a consacré une grande partie de sa vie à rechercher, dans les documents anciens, tout ce qui se rapporte aux Israélites qui ont habité le nord de l’Afrique depuis la destruction du second temple et jusqu’à l’établissement de la domination arabe en Afrique, et il a publié le résultat de ses recherches dans un petit volume intitulé …, imprimé à Pest en 1817. L’auteur, qui a soin de nous indiquer, dans sa préface, et une fois pour toutes, les sources où il a puisé[11], donne sur ces populations, sur leurs institutions, leurs mœurs, etc., des renseignements fort curieux et généralement vraisemblables, bien qu’acceptés par lui, pour ainsi dire, en bloc et sans aucun esprit de critique. Un grand nombre des faits cités par cet auteur sont toutefois confirmés par d’autres documents! ce qui en dénote l’exactitude.

L’auteur commence par affirmer ce qui a été établi plus haut, sous l’autorité de l’historien Josèphe, à savoir que lors de la destruction du temple de Jérusalem par Titus (l’an 70 de J.-C), une très grande quantité de Juifs ont été transportés dans la province proconsulaire d’Afrique, que les Romains voulaient repeupler, et en Mauritanie. Un très grand nombre des nouveaux émigrants se sont adonnés à l’agriculture[12], d’autres au pâturage et à l’élevage du bétail, quelques-uns enfin aux métiers manuels. Mais les uns et les autres gardèrent entre eux quelques liens, quelques rapports de famille. Leur autonomie a été maintenue dans la terre d’exil, et l’organisation en tribus, si conforme au génie sémitique, reçut avec l’émigration une nouvelle consécration. Les membres d’une même tribu étaient-ils tous issus d’une même famille ? Cela ne paraît pas probable, et il est permis, d’en douter, il semble plus plausible d’admettre que les groupes que les hasards de l’émigration ont mis ensemble se sont, petit à petit, constitués en tribus, en se donnant pour chef le plus puissant et le plus capable d’entre eux, qui était désigné sous le nom d’Ethnarque. Les Romains favorisaient cette constitution, qui leur facilitait la perception des impôts. Ils chargeaient habituellement l’Ethnarque de ce soin. Les Romains en effet imposaient d’une taxe de deux siècles par an lotit individu valide, Âgé de seize à soixante ans.

Les nouveaux venus ne furent pas, d’abord, reçus par les Juifs établis antérieurement dans le paya sans une certaine méfiance. Tandis que ces derniers avaient leurs temples dans les villes, accessibles aux maîtres du pays, dont ils flattaient souvent l’amour-propre par des inscriptions grecques ou romaines placées dans les endroits les plus visibles des temples, les premiers, au contraire, étaient à peine tolérés, et obligés de célébrer leurs offices dans les champs, peut-être en cachette.

Cependant les immigrants observaient, comme les anciens Juifs du pays, très scrupuleusement les lois de Moïse. Le repos du Sabbat était absolu et la viande de porc rigoureusement interdite ; les jours de fête étaient les mêmes, en un mot les principes fondamentaux de la croyance juive étaient communs aux uns et aux autres. Mais des différences notables les séparaient. Les uns partaient la langue du pays, les autres le chaldaïque ; les uns aimaient les Romains et s’efforçaient de s’acquérir leur sympathie, les autres n’y voyaient que les destructeurs de leur nationalité et de leur temple, et les haïssaient mortellement. Les différences étaient également sensibles au point de vue des pratiques. Tandis que les Israélites établis tic longue date dans le pays ne connaissaient que les prescriptions sommaires de la Bible, les nouveaux arrivés, imprégnés du grand mouvement qui avait été imprime au culte judaïque lors que la fin du 2e temple, avaient donné à leurs croyances et à leurs pratiques une tournure qui, sans être talmudique, s’en rapprochait considérablement.

Peut-être aussi les Israélites du pays craignaient-ils de mécontenter les Romains en accueillant dans leur sein ceux qui venaient de leur faire une guerre aussi acharnée, et les nouveaux venus ne voyaient sans doute pas sans un certain mépris ceux qui fraternisaient avec les ennemis les plus redoutables de la nationalité et du culte juifs. Toutefois la fusion ne larda pas à se faire entre les deux fractions, et bientôt, grâce aux rapports intimes, aux alliances, à l’influence morale, l’ancienne colonie s’est noyée dans la nouvelle, plus nombreuse, plus compacte, et dont la croyance avait plus d’intensité el de ferveur.

Les Israélites ainsi établis dans le pays observaient rigoureusement les jours de fête, mais ne connaissaient pas les seconds jours additionnels …[13]. Pendant les jours de fête, les jeunes gens se livraient aux exercices musicaux et se servaient dans ce but d’instruments à vent, à cordes ou à percussion[14]; les jeunes filles prêtaient à ces concerts le concours de leur voix.

Ils célébraient la fêle de Hanouka, mais ne connaissaient pas ou du moins n’observaient pas celle de Pourim[15].

Désireux de combattre à tout prix la prostitution et de conserver, chez leurs jeunes gens, la pureté de mœurs, dont ils faisaient grand cas, ils se mariaient généralement fort jeunes, les hommes à 16 ou 17 ans, les femmes à 13 ou 14. La polygamie, assez répandue parmi eux, et les mariages contractés entre veufs et célibataires, établissaient pourtant souvent entre époux des disproportions d’âge considérables Ils avaient cependant, au point de vue du veuvage et de la contractation de nouveaux mariages, des règles qu’ils n’enfreignaient pas. Ainsi, lorsqu’un homme avait successivement perdu deux femmes, il ne lui était plus permis d’épouser que des veuves. Lorsqu’une femme devenait deux fois veuve, elle ne se remariait plus ; elle était désignée sous le nom de : « tueuse de maris »[16].

Le divorce était usité parmi eux ; toutefois une femme qui avait divorcé deux fois ne pouvait plus convoler en nouvelles noces. — Lorsqu’une femme mettait au monde deux jumeaux, ceux-ci recevaient les noms de Pérez et Zérah, s’ils étaient mâles tous les deux, de Sara et de Rébecca si c’étaient deux filles, d’Isaac et de Rébecca, s’ils appartenaient à des sexes différents. — Les personnes qui étaient nées le jour de Kippour étaient l’objet d’une vénération spéciale ; elles étaient estimées, car on voyait dans la circonstance de leur naissance pendant ce jour sacré une marque spéciale de faveur céleste pour ces nouveau-nés.

Lorsqu’un membre de la tribu venait à mourir, les proches parents, prenaient le deuil fondant sept jours et tous les parents, amis ou connaissances du défunt, marchaient pieds nus pendant trois jours, en signe d’affliction cl de deuil. Ils n’ensevelissaient pas isolément chaque mort, mais ils avaient des caveaux de famille, où des compartiments ou niches étaient réservés pour les cercueils de chacun des membres qui la composaient ; des écriteaux en conservaient les noms.

Chaque chef de tribu ou Ethnarque rendait la justice entre les membres composant la tribu dont il était le chef ; lorsque les membres de plusieurs tribus étaient en cause, les chefs de ces tribus se réunissaient et décidaient l’affaire en commun.

La justice était rendue en plein air, en présence de tous les notables de la tribu. Le témoignage de tous les hommes ayant atteint leur dix-huitième année était admis, et tous les témoins, riches ou pauvres, étaient également écoutés et estimés. Les femmes n’étaient pas admises en témoignage.

Ces Israélites étaient très sobres. Les rares ivrognes qu’on rencontrait parmi eux étaient relégués au dernier rang de la société. Un homme trouvé trois foison état d’ivresse n’était plus admis en témoignage.

Ils étaient fort soigneux de leur personne, s’habillaient plutôt avec luxe et aimaient beaucoup à se parer de beaux habits et de bijoux précieux.

On voit par tout ce qui précède que le flot des nouveaux arrivants engloba bien vite dans son sein le groupe israélite qui habitait la Tunisie avant la destruction du second temple. Ces descendants des tribus de Juda et de Benjamin ont attiré l’attention des historiens, ce qui n’était pas arrivé au groupe primitif, Zabulonite ou Égyptien, qui les avait précédés dans le pays sur les mœurs, les habitudes et les croyances de ces derniers en particulier, nous ne savons que bien peu de chose. Sur les nouveaux venus également, on n’a conservé que peu de détails. Il en est d’autres sur lesquels nous devons sans doute définitivement renoncer à voir se faire la lumière.

Ainsi, on se demande involontairement quel était le nombre d’émigrants ? On nous parle tantôt de huit, tantôt de douze vaisseaux les ayant amenés. Mais quel en était l’effectif ? Ailleurs les historiens de l’époque nous parlent de 30,000 Juifs envoyés par Titus de Palestine en Sardaigne. Y a-t- il eu des émigrations successives ou bien tous les émigrants sont- ils venus à la fois ? Au point de vue de leur organisation, il serait intéressant de connaître l’importance de l’effectif de chaque tribu, la façon dont les chefs ou Ethnarques étaient élus et nommés.

Avaient-ils apporté l’institution de l’assemblée des Anciens (…), dont les Berbères ont gardé jusqu’ici des traces très distinctes, ou bien se donnaient-ils, comme cela est probable, vu leur vie aventureuse et guerrière, un chef qui les conduisait à la bataille, et qui prélevait sur le butin une part plus importante que celle des autres ? Au point de vue de leurs croyances et de leurs pratiques religieuses, avaient-ils emporté des livres sacrés ? Sans doute, au moment où ils quittaient la Palestine, la Bible n’avait pas encore le caractère d’un tout, d’un ensemble, Ici qu’elle l’a eu depuis ; mais les émigrants connaissaient-ils tous les livres qui la composent ? Avaient-ils des prières toutes faites eu des chants sacrés ? Y avait-il parmi eux des scribes ou des savants ? Avaient-ils des Cohanim ou des Leviyim Faisaient-ils des sacrifices dans les champs où ils se réunissaient pour adorer Dieu en commun ? Enfin, de quelle nature et de quelle importance étaient leurs rapports avec leurs frères de Palestine et de Syrie ?

En noueront-ils avec ceux qui habitaient l’Italie el l’Espagne, ou avec ceux qui ont été envoyés en Sardaigne en même temps qu’ils étaient dirigés, eux, vers la Proconsulaire? Autant de questions auxquelles toute réponse positive est impossible, et pour la solution desquelles nous ne pouvons que nous livrer à des conjectures plus ou moins invraisemblables.

Les nouveaux juifs d’Afrique n’y ont guère longtemps trouvé le repos. Leur caractère, leurs croyances, leur manière de vivre différaient tellement de ceux des populations qui les entouraient que des dissensions ne tardèrent pas à éclater parmi eux. Toutefois, travailleurs industrieux el habiles comme ils l’étaient, ils ne tardèrent pas à se faire leur place au milieu de leurs voisins et même à acquérir une certaine influence dans les affaires publiques.

Nous venons de voir avec quel acharnement les premiers chrétiens et les Pères de l’Église poursuivaient les Juifs de leur haine. Nous savons qu’à plusieurs reprises les conciles tenus à Carthage se sont occupés d’eux ; c’est une des meilleures preuves de l’importance qu’on leur attribuait.

La domination romaine leur pesait. Ils haïssaient ce peuple avec toute l’ardeur que leur donnaient leur foi et le souvenir de leurs souffrances. Ils voyaient toujours en lui l’ennemi héréditaire, le destructeur du temple et de la nation d’Israël, le maître qui asservissait Jérusalem et qui avait fait figurer dans les triomphes de ses empereurs les vases sacrés du temple de Dieu. Aussi prirent-ils pari au conseil tenu par Boniface, le gouverneur de la province, en l’an 429, et leur influence ne fui pas étrangère à la décision qui y fut prise de chasser les Romains et d’appeler au secours de la province les Vandales d’Espagne, sous la conduite de Genséric.

LES JUIFS SOUS LA DOMINATION DES VANDALES ET DES GRECS

Pendant tout le temps que les Vandales se maintinrent dans le pays, les tribus israélites vécurent d’accord avec eux s’établissant dans les villes, y exerçant des industries et du commerce, y bâtissant des maisons et des temples[17].

Lorsque Bélisaire, envoyé par l’empereur d’Orient, vint conquérir la Tunisie (en 534), ont vit les tribus juives combattre à côté des Vandales et défendre courageusement le pays qui leur avait donné asile. Ils ne se soumirent qu’avec répugnance à la domination du vainqueur. Un certain nombre d’entre eux suivirent en Espagne les anciens maîtres du pays, avec qui ils vivaient en si bonne intelligence ; d’autres, préférant la liberté du désert à l’esclavage de l’Empire, s’acheminèrent vers le sud et allèrent s’établir dans le Soudan, où l’on trouve encore aujourd’hui leurs traces[18].

Il existe, parmi les musulmans de Tuggurth, des chroniques locales qui affirment que les habitants les plus nobles de l’Oasis sont des descendants des Juifs, qui ont embrassé l’islamisme lors de l’invasion musulmane[19].

Pendant la domination des Grecs, les Juifs établis dans le pays continuent à prospérer, à occuper les places les plus importantes, et à exercer une si grande influence que la plupart des conciles tenus dans les villes de l’Afrique chrétienne s’en préoccupent et s’efforcent d’attirer vers les chrétiens une partie de celte influence. A la lecture des décisions de ces conciles, on ne peut s’empêcher de conclure que les Juifs jouissaient dans le pays d’une influence considérable, influence qui portait souvent ombrage aux chefs de l’Eglise chrétienne[20].

Lorsque le patrice Grégoire, voulant combattre les Arabes et en arrêter l’invasion, en 647, se proposa de former une grande armée, il fit appel pour former son immense contingent (estimé à 120,000 hommes), non seulement aux Grecs et aux Berbères mercenaires, mais encore à quelques tribus juives. C’est contre ces dernières principalement que s’acharnèrent plus tard les musulmans vainqueurs, ainsi que nous le verrons dans la suite.

Les Israélites, d’ailleurs, occupaient alors dans le pays une situation prépondérante et pouvaient aspirer aux positions les plus élevées. Un historien arabe, El Kaïrouani, rapporte que la ville de Bizerte (Hippo Zaritus) était commandée par Un Juif, qui en était le gouverneur, lorsqu’elle fut attaquée et conquise par Hassan le Gassanide en 666[21].

Extrait du livre: “Essai sur l’histoire des Israélites de Tunisie depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’établissement du protectorat de la France en Tunisie”. Auteur : David Cazès (1851-1913). Éditeur : A. Durlacher (Paris). Date d’édition : 1887


[1] Sidon ou Saïda en arabe est une ville du Liban. Elle fut dans l’Antiquité la capitale incontestée de la Phénicie.

[2] Voir Genèse XLIX, 13; Deuter XXXIII, 18, 19. Dans le premier de ces passages, il est fait mention du goût prononcé qu’avaient les Zabulonites pour les voyages sur mer. Dans le second, il est question des richesses apportées des voyagea lointains. L’expression … employée par le rédacteur du Deutéronome parait faire allusion à la course maritime à laquelle se seraient livrés les Zabulonites et leurs voisins les Sidoniens. Le verset qui suit cette expression parait confirmer cette assertion, en faisant mention des richesses venant delà mer, des trésors cachés dans le sablé, et des peuples qui font des sacrifices sur les montagnes en poussant de hauts cris.

[3] Voir pour toute celte partie Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, traduction de M. de Slane, 4 vol., passim. Voir également Mercier, Histoire des Arabes dans l’Afrique septentrionale, passim.

[4] L’union a, d’ailleurs, de tout temps été intime entre les deux peuples. Nous tes voyons souvent, se marier entre eux, et les enfants nés de ces mariages mixtes n’étaient pas, surtout à certaines époques de l’histoire, considérés comme étrangers, puisque nous voyons Salomon les employer a là construction des objets les plus sacrés du temple. (Voir I Rois VII, 13et suiv.).

[1] D’Avezac Cyrénaïque, collection do l’Univers pittoresque, passim.

[2] Josèphe Flavius, Antiquités judaïques, livre XVL chap. 10.

[3] Voir à la fin du volume (n°1 de l’appendice) la traduction française de cette inscription. On y trouvera la preuve que les Juifs étaient établis dans le pays depuis très longtemps. On y remarquera également qu’ils avaient, en général adopté les noms grecs, et qu’ils n’avaient pas encore de noms de famille.

[4] Voir Flavius, Antiquités judaïques, passim.

[5] Voir n° II de l’appendice, la transcription et la traduction de ces trois inscriptions, ainsi qu’un résumé des débats auxquels elles ont donné lieu.

[6] Voir Elianus Spartianus, Vie de Caracalla, chap. 1. Voir aussi l’Abbé Pillet, Histoire de Sainte Perpétue.

[7] Edit d’Antonin, en 198 ; édit de Septimo Sévère, en 202, Voir pour cette période, Saint-Justin, Apol. passim ; Tertullien, Ad nat, passim.

[8] Voir les Actes de Saint Polycarpe, de Saint Pontien ; voir également l’ouvrage de M. E. Le Blant, tes Actes des Martyrs. Tertullien dit, en parlant de la communauté juive de Carthage : « Seminarium est infamiae nostrae » Voir également Saint Justin, Dialogues avec Tryphon, et l’Abbé Pillet, Histoire de Sainte Perpétue.

 

[9] Le Talmud cite un …, un … et un …. Avons-nous affaire au même personnage ? l’auteur du … le croit, mais comme chacun de ces rabbins n’est mentionné qu’une fois, et pour des sujets n’ayant aucun rapport les uns avec les autres, il n’est pas impossible que ce soient des personnages différents. Quoi qu’il en soit, ce fait prouve suffisamment que des relations suivies existaient entre les Juifs de Syrie et leurs coreligionnaires d’Afrique.

[10] Le Talmud (traité … 83 b) parle des Berbères et des Maures, dont l’habillement, y est-il dit, est tellement rudimentaire, qu’on les suppose marchant tout nus. … (Mauritanie) …

[11] Dans la liste des ouvrages que l’auteur cité dans sa préface comme lui ayant servi de sources, à côté d’auteurs sérieux comme Ibn Khaldoun, Léon l’Africain et Mariol, nous en trouvons d’autres bien peu dignes de foi, quelques-uns même sans noms d’auteurs. On est donc obligé de chercher d’autres sources confirmant les dires de l’érudit allemand.

[12] Des vestiges de ces tribus adonnées à l’agriculture et à l’élevage du bétail se trouvent encore aujourd’hui en Tunisie. On rencontre des tribus juives, vivant tous la tente, la vie nomade, bergers ou Khammês, dans les trois groupes suivants : 1- Parmi les tribus musulmanes des Drid, dans les environs de Gabes; 2- Parmi celles dites Henancha, établies près du Kef, sur la frontière algérienne ; 3- Parmi celles dites Khoumir (ou Kroumirs) sur le massif montagneux qui s’étend entre Béja et la Celle. Ces tribus israélites existent en Tunisie depuis une très haute antiquité. Nous avons vu plus haut quelques écrivains placer leur arrivée en Tunisie au VIIIe siècle avant l’ère vulgaire. Nous verrons bientôt le rôle qu’elles ont joué lors de la conquête musulmane. Depuis, ces tribus se sont mêlées aux habitants des villes voisines et ont perdu toute originalité, mais les unes ont conservé la vie nomade, les autres sont restées fixées au sol et adonnées à l’agriculture. Leurs croyances, leurs mœurs, leurs coutumes, sont devenues celles des habitants des villes, mais ces derniers, qui sont parvenus à introduire parmi ces tribus quelques usagés rabbiniques, n’ont pas pu leur inculquer la connaissance de la langue hébraïque, que les membres actuels de ces tribus ignorent totalement.

[13] Là célébration des jouis additionnels des têtes est, de nos jours encore, moins rigoureusement observée chez les Israélites de Tunisie que chez-leurs ; coreligionnaires des autres pays. Ainsi, lorsque le huitième jour de Péçah ou te deuxième” jour de Schabouoth tombent un samedi, on y prononce lès oraisons funèbres des morts (…), ce qui ne se frit pas pendant les autres jours de fêtés. Le huitième jour de Péçah n’est pas observé, au point de vu a de la nourriture, avec autant de rigueur que les autres, et oh y permet l’usage d’aliments strictement défendus les septs premiers jour.

[14] On Voit, par ce qui précède, que l’interdiction du … les jours de fête, non plus que le scrupule … n’existaient pas pour tes Israélites fraîchement arrivés de Palestine.

[15] Cette particularité est en conformité de l’origine des Israélites tunisiens. En effet, la fête de Hanouka était observée en Palestine, tandis que celle de Pourim a dû être, a l’origine une fête particulière spéciale à une famille ou à une petite tribu, ou aux habitants d’une ville. Nous trouvons encore aujourd’hui plusieurs ‘ fêtes de ce genre chez les Israélites : ceux de Tripoli en célèbrent deux par an, en dehors du Pourim d’Esther ; ceux d’Alger en célèbrent également deux ; ceux de Tétouan et d’Alcazar, au Maroc une ; ceux de Bagdad, une ; quelques Israélites d’Orient, qui se disent originaires de Saragosse, en célèbrent également une. Chacun de ces Pourim à sa … spéciale. Le Pourim d’Esther a dû être, à l’origine, une fêle du même genre. On observera que les E moral tes ont entouré l’observation de la fête de Pourim d’une foule de prescriptions, et en ont fait le sujet d’une … spéciale, tandis que dans tout le Talmud il n’a été qu’une seule fois question de Hanouka (…), et cela incidemment. Cela prouve que la fêle de Pourim avait besoin d’être spécialement recommandée.

[16] Cette coutume existe encore aujourd’hui en Tunisie et au Maroc, mais uniquement à l’état de superstition.

[17] On voit encore aujourd’hui, dans les ruines situées près des carrières de marbre de Chemtou (l’ancienne Simitus), un monument de construction vandale ou romaine de la dernière époque, que les Arabes du pays désignent encore de nos jours sous la dénomination de Salat el îhoud (temple des Juifs).

[18] Un voyageur Israélite du Maroc, le rabbin Mardochée Abi Serrour, qui s’est rendu à Tombouctou à travers le Sahara, assure en avoir rencontré un certain nombre.

[19] Voir Léon Roches, Trente-deux ans à travers l’Islam, 1er vol., p..338 (Paris, F. Didot, 1883).

[20] Voir Janoski, Afrique Chrétienne, collection de l’univers pittoresque, passim.

[21] Mohamed el Kaïrouani, traduction Pélissier et Rémusat, p. 41 (Paris, impr. Royale, 1845).

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