Tunisie: Les israélites à Kairouan

  • 23 décembre 2018
  • 0
  • 225 Views
23 Déc

En même temps qu’ils faisaient prospérer leur commerce, les Israélites-de Kaïrouan ne négligeaient pas les éludes hébraïques et profanes. Il s’y était formé une école rabbinique dont la renommée s’étendit au loin, et dont le chef, désigné sous le nom de … ou plus simplement …, correspondait avec les fameuses académies de Soura et de Poumbédita. Il a déjà été question du médecin Salomon Schemma et de l’historien Ben-Esch-Schemma. Les écrivains arabes nous parlent également du médecin Isaac Ben Schelomo, qui était médecin en chef du calife Aghlabide El Mansour (334 à 342 de l’Hégire) et du médecin lsaac Israëli, médecin du calife Ziadeth Allah (320 à 338 de l’Hégire). Ils sont également mention d’un disciple du précédent, Dounés Ben Temim, médecin et philosophe comme lui, et dont les travaux scientifiques, fort importants d’ailleurs, ont été très estimés des savants de son temps[1].

La communauté de Kaïrouan s’était acquise, dans la ville et dans le pays, une réputation qui se répandit au loin et dont elle fut la première à profiter. Elle avait ses temples, son cimetière et sa caisse de bienfaisance, dont elle taisait Usage, en particulier, pour racheter les esclaves juifs. Les Arabes n’avaient pas tardé à s’en apercevoir, et exigeaient pour les Israélites captifs un prix plus élevé que pour les chrétiens, certains qu’ils étaient de trouver à les vendre.

D’un autre côté, les juifs de Kaïrouan n’oubliaient pas leurs frères de Palestine, et envoyaient annuellement des offrandes pour contribuer à l’entretien des académies de Soura et de Poumbédita. Dans ce but, le … de Kaïrouan correspondait avec l’exilarque (…) et avec le précédent de l’Académie (…).

Toutes les fois qu’une difficulté religieuse ou liturgique se présentait, ils s’adressaient aux … pour en demander l’explication ou la solution. Il est parvenu jusqu’à nous des fragments de cette correspondance, qui sont un précieux témoignage sur l’état des Juifs de cette époque.

Dès le début de sa fondation, la communauté de Kaïrouan paraît avoir reçu la visite d’un personnage important. En 772, un candidat à l’exilarcat, obligé, après le succès de son concurrent, de s’exiler de son pays, se rendit en Afrique, peut-être à Kaïrouan. Les historiens juifs du moyen âge se bornent à dire qu’il se rendit en Occident (…). L’historien Craezt[2] assure que Nitronaï se serait établi à Kaïrouan, d’où il aurait envoyé en Espagne un exemplaire du Talmud entièrement copié de mémoire. Le peu de sécurité dont jouissaient à cette époque les Israélites de la Régence ferait croire que l’exilarque Nitronai s’est fixé en Espagne.

Eldad le Danite s’est rendu d’Egypte à Kaïrouan (vers 880), où il montra aux Israélites un prétendu Talmud, qui n’était autre chose qu’une Mischma augmentée de quelques préceptes karaïtes. Les Israélites de Kaïrouan s’en niellèrent. Leur méfiance fut surtout augmentée en entendant Eldad donner comme hébraïques un certain nombre de mots qui n’en avaient ni la forme ni la construction. Le Bosch demanda conseil au Ghaôn de Soura, Mor Tzemah ben Haîm, (…) qui lui lit une réponse fort ambiguë, sans oser se prononcer d’une façon catégorique[3].

Plus tard, nous trouvons une lettre de Rab Saadia Gaôn aux rabbins de Kaïrouan, en réponse à une demande qu’ils lui avaient adressée au sujet des …. Nous voyons par ce document que les Juifs de Kaïrouan étaient loin de connaître le système de coordination de l’année lunaire avec l’année solaire, cl qu’ils étaient contraints de se contenter d’un calcul approximatif pour la fixation des néoménies et des fêtes.

Nous trouvons enfin une lettre fort importante adressée par le Gaôn Scherira (רב שרירא בר חנינא גאון) aux rabbins de Kaïrouan, en l’an 1297 de l’ère des Séleucides (…) correspondant à l’an 987 de J.-C.[4]. Nous voyons par ce document que la communauté de Kaïrouan possédait, cent quatre-vingt-dix-ans après la défaite des Israélites par Imam Edris, toute une organisation : des rabbins, des temples, des cimetières, des institutions spéciales de secours, des écoles, etc. Mais ce qui est surtout important à constater, et ce que prouvent surabondamment et le texte de cette lettre, et les diverses demandes auxquelles elle répondait, c’est que, malgré des communications de plus d’un genre avec des Israélites d’Orient, ceux de l’Afrique ignoraient presque totalement la loi orale (…); ils ne possédaient, en particulier, aucune notion exacte au sujet de ce qui regarde l’histoire de la rédaction de la Mischna et de la Ghemara, et de tout ce qui se rapportait aux … et aux …. Inutile d’ajouter que la … leur était parfaitement inconnue.

Leurs relations avec leurs coreligionnaires de l’Orient ne se bornaient pas aux simples correspondances. Il est probable que de nombreuses personnes faisaient le voyage d’un pays à l’autre et contribuaient puissamment à établir entre les Juifs d’Asie et ceux d’Afrique des rapports de plus d’un genre. D’ailleurs Kaïrouan était le passage presque forcé des caravanes qui se rendaient d’Espagne à Bagdad et à Damas, et des relations avec l’une et l’autre contrées s’établissaient facilement. Elles ont d’ailleurs, à plus d’une reprise, été favorisées par les circonstances. Vers le commencement du Xe siècle, en l’an 919, un exilarque (…) nommé Okba, a été expulsé d’Asie et vint chercher refuge à Kaïrouan. Les Israélites de cette ville le reçurent avec beaucoup d’honneur et le proclamèrent leur chef[5].

Okba mourut à Kaïrouan, et on dit que les musulmans bâtirent une mosquée sur sa tombe, à cause, de la similitude de nom qui existait entre l’exilarque et le général musulman fondateur de la ville.

Une autre circonstance vint donner, au commencement du XIe siècle, à la communauté de Kaïrouan, à la fois un chef et une consécration. C’était dans l’année 4750 de la création du monde (990 de J.-C). Un bateau qui traversait l’archipel grec fut surpris par un chef de corsaires arabe, qui avait nom Ben Demahin (…), et qui était parti d’Espagne, sous l’ordre et pour le compte du calife de Cordoue, à la recherche de riches captures. Il se trouvait à bord de ce bateau quatre rabbins célèbres, de la famille des … qui se rendaient de Barrès à Sébaste[6]. Ils ont été faits prisonniers et vendus comme esclaves. L’un d’eux, Rab Huschiel (…), a été débarqué à Mehdia et de là conduit à Kaïrouan, où il fut mis en vente.

Les Israélites l’achetèrent, ainsi qu’ils faisaient pour tous les esclaves juifs, et voyant sa science profonde dans la loi et dans le Talmud, en ont fait le chef de leur école (…). Ses trois compagnons de voyage ont eu des destinées différentes ; l’un, rabbin Moïse, père du rabbin Hanoch, a été vendu en Espagne, et a eu le même sort que Rab Huschiel ; le second, rabbin Semaria, fils d’Elkanan, a été vendu en Egypte, d’où il a sans doute regagné son pays, après qu’il fut devenu pendant quelques années chef de l’école rabbinique d’Egypte. L’histoire n’a pas conservé le nom du quatrième captif, pas plus que sa destination[7].

Ces rabbins, ainsi dispersés, réussirent à répandre la loi orale parmi les Juifs d’Afrique et d’Espagne ; ils donnèrent un nouvel éclat aux écoles savantes établies dans ces pays, et dont ils devinrent l’âme. Ils furent, en outre, cause de la suppression des aumônes que les Juifs d’Espagne et d’Afrique envoyaient annuellement aux académies (…) de Soura et de Poumbédita. Ces événements avaient lieu pendant le ghéonat de Haï, le dernier des Gheonim (…).

Rab Huschiel devint, non seulement le chef (…) des Israélites de Kaïrouan, mais encore le savant le plus en renom de toute l’Afrique. On s’adressait à lui, aussi bien d’Espagne et du Maroc, que d’Egypte, et même de Syrie, pour avoir son opinion sur les difficultés liturgiques ou casuistiques. II était d’ailleurs très versé dans les sciences hébraïques, et les ouvrages qu’il a composés, … etc., le prouvent surabondamment.

Le rabbin Huschiel atteignit une grande vieillesse. A sa mort, on institua rabbin à sa place Rab Hananel, que quelques historiens appellent son fils, d’autres son élève. A côté de Rab Hananel se trouvait un autre rabbin très célèbre, également élève de Rab Huschiel. Rabbi Nissim bar Jacob, au leur d’un ouvrage très connu, intitulé … La renommée de ces deux rabbins était universelle. Ils ont, à plusieurs reprises, servi d’intermédiaires entre le richissime Samuel Naghid, le prince des Juifs d’Espagne, qui demeurait à Cordoue, et le Gaon Haï, le dernier et le plus célèbre des Gheonim de Soura. Grâce à leur intervention, Samuel Naghid envoya souvent des secours importants, non seulement aux académies de Soura et de Poumbédita, mais aussi à plusieurs communautés d’Asie et d’Afrique, et à celles de Kaïrouan, de Mehdia et de Kalaa[8].

Ni Rab Hananel ni Rab Nissim, qui sont morts tous les deux dans la même année, ne laissaient d’enfants mâles. Rab. Hananel avait neuf filles, et Rab Nissim n’en avait qu’une. Cette dernière avait été, du vivant de son père, demandée par le prince Samuel Naghid, de Cordoue, en mariage pour son fils Joseph Rab Nissim s’empressa de la lui envoyer, mais elle était petite (quelques historiens disent naine, d’autres bossue). Joseph ne l’épousa pas, mais la retint à Cordoue, où il ne la laissa manquer de rien. Lorsque plus tard la famille du Naghid fut assassinée à Cordoue, la fille de Rab Nissim se retira à Alissana, dont la communauté pourvut très honorablement à ses besoins. Quant à Rab Hananel, il parvint à placer avantageusement toutes ses filles, car il faisait le commerce et y avait acquis une grande richesse. A sa mort, il laissa à ses héritières 10,000 pièces d’or.

Ces deux rabbins, nous venons de le voir, sont morts la même année (4810 de la création, 1050 de J.-C) et les auteurs hébraïques font suivre mélancoliquement l’annonce de ce double décès de cette phrase significative : … (Et les études furent interrompues dans cette province)[9].

Toutefois l’un des plus anciens historiens de l’époque ajoute : « Il en est resté très peu (d’éludés hébraïques) dans la ville de Mehdia, chez les Péni Zogmar et dans la ville de Kalaa Hamad[10], chez Ribbi Salomon Dayan, fils de Formès ; mais ces rabbins n’ont pas été institué (…), et leur renommée ne s’est pas étendue dans le monde. La science hébraïque et talmudique n’avait cependant pas si complètement disparu de la contrée, car, quelques années après, nous voyons sortir de la province l’une des lumières du judaïsme du moyen-âge, le célèbre El-fassi, commentateur du Talmud. — L’historien … et après lui tous les autres, nous racontent que trente-huit ans après la mort de Rab Nissim, c’est-à-dire en 4848 de la création (1086 de J.-C), le célèbre rabbin nommé Isaac, fils de Jacob Al-fassi, s’est enfui de Kalaa Hamad, parce que deux Israélites, Halfa ben el-Aagab et Haïm, son fils, l’ont dénoncé à l’autorité locale. L’historien fait grand éloge de ce rabbin Al-fassi et déclare qu’il n’y en eut pas de plus savant depuis Rab Haï Gaôn. On le croit sans peine, en examinant le vaste commentaire du Talmud, désigné simplement sous le nom de …, et qui est aussi connu que le talmud lui-même — Le: rabbin fugitif arriva en Espagne, où Joseph Naghid, le même qui devait épouser la fille de Rab Nissim, lui fit un accueil très empressé. Le rabbin Al-fassi s’établit d’abord à Cordoue, puis, lors de l’assassinat de son protecteur, alla se fixer à Alissana, où il acquit une grande renommée. Il mourut à Alissana, en l’année 4863 (1103 J.-C.), âgé de quatre-vingt-dix ans[11].

C’est là tout ce que les historiens juifs nous ont rapporté de ces communautés jadis si florissantes.

A quelle époque, et à la suite de quelles circonstances celle de Kaïrouan, la plus importante d’entre elles, a-t-elle disparu ? Pour répondre à ces questions, nous en sommes réduits à des conjectures. Si nous en croyons l’historien juif que nous avons suivi jusqu’ici, …, il rapporte qu’en l’an 4902 (1142), un certain Ben Temoura (…, le glaive de Ben Temoura, dit l’auteur) ordonna d’exterminer tous les Juifs de l’Afrique jusqu’à la ville de Mehdia, et il ajoute : A cette époque il y avait des communautés juives dans toutes les villes de l’Afrique, depuis Salé (Maroc) jusqu’à Tahrat, en Tripolitaine, à l’exception d’une province, située dans le désert de l’Afrique, et désignée sous le nom de Ouargla (au sud de l’Algérie).

Comparons ces données à celles que nous fournissent les historiens arabes, principalement Ibn Khaldoun et El-Kaïraouani, et voyons jusqu’à quel point les renseignements qu’ils nous donnent concordent avec ceux des historiens juifs. Ici nous n’avons sous les yeux que des sources peu sûres, des documents dus à des plumes souvent hostiles, toujours indifférentes aux Juifs, et n’en faisant mention qu’autant que les événements qui les concernent se mêlent à l’histoire des Arabes. Il est vrai que de leur côté les historiens juifs ont peu étudié l’histoire du peuple proprement dit, le …, le …, etc., ne se préoccupent que des écoles talmudiques, des rabbins qui les ont dirigées, et des rapports de ces derniers avec leurs coreligionnaires d’Espagne et de Syrie. Quant à savoir quelle était, à cette époque, l’importance numérique des Juifs de Tunisie, combien ils formaient de communautés, comment celles-ci s’administraient et d’où elles liraient leurs ressources, quels étaient les grands centres de leur activité morale et matérielle ; quant à se demander quelles étaient leurs mœurs, leurs habitudes, leurs usages, etc., personne ne s’en est occupé, et nous sommes forcés de nous en tenir aux conjectures, et de faire à ce sujet des suppositions plus ou moins vraisemblables.

Le grand voyageur juif du moyen-âge, Benjamin de Tudèle, qui parcourut, de 1160 à 1173, presque toutes les villes du monde où existaient des communautés juives, ne vint pas en Tunisie ; il se contenta d’arrêter son excursion à l’Egypte, d’où il regagna par mer l’Italie[12].

Les historiens arabes nous parlent de diverses persécutions dont la Tunisie fut le théâtre, principalement sous le règne agité d’El-Moez (1013 à 1061) et de ses successeurs Ainsi en 1045 il y eut à Kaïrouan une grande persécution contre les sectes hétérodoxes de l’islamisme. En 4050, la même année de la mort de Rab Hananel et de Rab Nissim, les Arabes d’Egypte vinrent faire la guerre à El-Moez, pillèrent Kaïrouan et se rendirent maîtres de toute la contrée, qu’ils ruinèrent totalement. El Moez dut battre en retraite et se réfugier à Mahdia[13]. Il est impossible que les Juifs aient été épargnés pendant tous ces bouleversements. La mort simultanée des deux rabbins l’année même de cette guerre fait supposer qu’ils ont succombé victimes de cette révolution. Peut-être est-ce à cet événement que fait allusion l’historien juif en disant : …

Il est donc permis de croire que c’est à cette époque que disparut en grande partie la communauté Juive de Kaïrouan. Toutefois il dut y rester des vestiges d’un groupe organisé, sans quoi l’historien juif … aurait parlé de cette disparition, et surtout n’aurait pas été si affirmatif, lorsqu’en relatant le massacre ordonné par Ben Temoura, il soutient qu’à cette époque (1142, soit quatre-vingt-douze ans après cet événement), il y avait des Juifs dans toutes les villes importantes de l’Afrique, excepté à Ouargla.

Il est vrai que la province fut tellement secouée et bouleversée pendant la deuxième moitié du XIe siècle et le commencement du XIIe, que le séjour dut en être intolérable aux Juifs ; mais rien ne prouve que tonte trace d’Israélites ait disparu de Kaïrouan à cette époque. Il est beaucoup plus rationnel de supposer qu’il n’y eut pas alors d’exode en masse, et qu’à la suite des nombreuses attaques dont la ville fut le théâtre, la plupart des Israélites quittèrent la ville et allèrent chercher ailleurs un séjour plus tranquille.

Extrait du livre: “Essai sur l’histoire des Israélites de Tunisie depuis les temps les plus reculés jusqu’à l’établissement du protectorat de la France en Tunisie”. Auteur : David Cazès (1851-1913). Éditeur : A. Durlacher (Paris). Date d’édition : 1887


[1] Voir El Kaïrouani, loc. cit., p. 106. Voir également Graetz, Histoire des Juifs, trad. française, 3e vol. p. 347 et suiv.

[2] Histoire des Juifs, trad. française, 3e vol., p. 324.

[3] Voir … p. 89a, Voir aussi … p. 40b. Voir aussi … du rabbin Guedalïa ben Jahia, art …. Voir sur le même sujet Graetz, Histoire des Juifs, trad. française, 3e vol., p. 493.

[4] Ce document est reproduit, d’une façon un peu incorrecte, par l’auteur du … et dans le … M. Beer Goldberg en a publié une édition spéciale imprimée à Mayence en 1873. — On sait que l’ère des Séleucides, appelée par les rabbins … commence à l’année 310 avant J.-C, ou à l’année 3350 de la création du monde.

[5] Voir …, p. 90 b. Voir également Graetz, Histoire des Juifs, trad. française, 3e vol. p. 351.

[6] Est-il question de Sébaste en Cappadoce, ou bien de la petite ville de Sébaste, en Cilicie ? Le texte hébreu donné par les auteurs anciens est assez obscur sur la question ; il se borne à dire : …. La Ville de départ était sans doute Barrès, en Pisidie ; or, pour que le navire ait été obligé de traverser l’archipel grec, on est forcé d’admettre qu’il s’agît de Sébaste en Cappadoce, et non de Sébaste en Cilicie.

[7] Voir, pour tous les détails de cette capture, le …, p. 41 et suiv., et le ….

[8] Voir …, éd. Lemberg, p. 146 et suiv.

[9] Voir, pour tous les détails qui viennent d’être cités, les ouvrages suivants :

[10] Quelques auteurs ont cru voir, dans la désignation de Kalaa Hamad, la ville de Hamamet ou celle de Hamma, sur la route de Mehdia à Sfax, croyant que le mot Kalaa signifiait simplement château-fort ou ville entourée de murailles ; mais il est évident que c’est là une erreur provenant de l’insuffisance, chez ces auteurs, de la connaissance du pays. Il s’agit ici de Kalaa de Béni Hammad, fondée par Mammad en 1008, dans le voisinage de Kaïrouan. Le …, qui reproduit textuellement le passage du …, met, au lieu de Kalaa Hamad, les mots …, ce qui veut dire Kalaa la petite, l’humble, ville qui existe encore de nos jours sous le nom de Kalaa Sgira, ainsi que Kalaa la grande, dans le voisinage également de Kaïrouan. Son erreur provient d’une connaissance insuffisante des lieux. L’auteur a dû avoir connaissance de quelques lettres adressées par le rabbin Duran et ses descendants aux Israélites de Kalaa la petite; il a cru alors voir dans le … une erreur de typographie et a transformé …, changeant le … en …

[11] La famille Al-fassi existe encore en … Tunisie et y est très respectée. Il existe à Tunis même une synagogue, très vénérée, connue sous le nom de temple d’Al-fassi, et dont une partie des revenus appartient, de droit, aux descendants de la famille. Nous trouvons plus tard, à Tunis, des rabbins de ce nom.

[12] M. de Chateaubriand, dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem, donne, selon Benjamin de Tudèle, d’où if dit l’avoir relevé la plume à la main, le nombre exact des Juifs habitant tes villes que le célèbre voyageur juif a parcourues. M. de Chateaubriand, commettant en cela la même erreur que Constantin l’Empereur, dont il a suivi la traduction, se trompe en comprenant Tunis dans celte liste, Benjamin parle d’une ville qui se trouve à une journée de Damiette et qu’il appelle …, en ayant soin d’ajouter …, et plus loin … ; enfin, pour plus d’exactitude il ajoute : …. D’ailleurs la ville (ou l’ile) de … est mentionnée dans la Bible comme une ville égyptienne (Isaïe XXX, 4).

[13] El-Kaïraouani, toc. cit. p. 139 et suiv , p. 144 et suiv.

Introduction du livre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.